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22 juillet 2021

L'Ombre blanche (The White Shadow) de Graham Cutts - 1923

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Mesdames et messieurs, roulement de tambour, voici devant vos yeux stupéfaits la toute première trace de Hitch au cinéma. Le gars n'est pas encore complètement aux manettes, mais scénariste, monteur, assistant-réalisateur et même décorateur de The White Shadow, on peut presque considérer qu'il en est l'auteur. Miraculeusement extirpées du coffre magique d'un grenier néo-zélandais (d'où a surgi aussi Upstream de Ford), voici donc 40 minutes de ces premiers balbutiements, seules trois bobines ayant été retrouvées. C'est d'autant plus réjouissant que le film est agréable, même s'il reste poussif et très maladroit. Le thème du double a toujours parcouru l’œuvre de Bouddha, de Farmer's Wife à Psycho en passant bien sûr par Vertigo, et c'est peut-être là qu'il faut aller chercher la genèse du thème : le film raconte la vie de deux sœurs, aussi différentes moralement que semblables physiquement. Georgina est pure, Nancy est garce. Mais quand la seconde, en plein conflit familial, disparaît du jour au lendemain, la première la remplace dans la bonne société et dans les bras du gentil fiancé Robin. D'où moult quiproquos et dilemmes qui trouveront peut-être leur résolution (mais on n'a pas la fin du film) dans le lieu de perdition du Chat qui Rit, cabaret parisien haut en couleur même en noir et blanc. Le thème est gentiment filé tout au long de ce début en tout cas : c'est la belle et attachante Betty Compson qui incarne les deux frangines, et on l'apprécie autant dans le rôle fleur bleu que dans la vamp désabusé trichant aux cartes et repoussant les avances de ces messieurs. La partie masculine ne démérite pas avec le fougueux Clive Brook, qui joue parfaitement le désarroi. Surtout le film est plein de détails assez marrants, qui montre que dès son plus jeune âge, Hitch avait le goût du petit machin croquignolet : ici, c'est par exemple la tradition du Chat qui Rit qui veut que tous les clients saluent les nouveaux arrivants d'un sonore "Get out !" (si le gars désobéit, il peut rester) ; ou c'est un conflit père-fille qui se construit autour d'une leçon d'équitation.

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Alors oui, je sais ce que vous allez dire : le rythme du film est impossible, et c'est vrai que tout ça est très poussif : Cutts semble tenir absolument à montrer sur la longueur les choses qu'on aurait pu comprendre en deux plans pour que les gens saisissent bien ce qui se passe, ce qui ralentit exagérément la chose. On déplore aussi une avalanche de dialogues, nos bougres ne parvenant jamais à trouver d'équivalent visuel à ceux-ci. Ça donne des plans infiniment longs de gens qui parlent, et ça, dans un film muet, ça marche moyen. Inversement, Cutts et Hitch manient l'ellipse au petit bonheur : un personnage meurt sans qu'on n'ait rien pressenti, les personnages franchissent les frontières en deux minutes, c'est trop rapide d'un côté et trop lent de l'autre. Bon, voilà, on n'est pas encore complètement dans le chef-d’œuvre absolu, mais rien que pour avoir le plaisir de voir quel a pu être le travail d'un futur génie de 23 ans, The White Shadow est un film nécessaire.

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