Le Mystère Méliès (2021) de Eric Lange
Après les frères Lumière, les frères Méliès alors ? Ce petit doc de Lange, outre le fait de nous éclairer sur la mystérieuse préservation de certains films de Mélies... aux Etats-Unis, nous propose dans un premier temps un petit résumé de son œuvre, de son inventivité sans fond, de sa créativité sans fin. Méliès, ce pionnier, fut en effet celui qui donna au cinoche son aura magique, dès le départ de la création de cet art et ce n'est pas rien - le cinéma est-il magique disait l'autre ? Ben non, cela a toujours été une industrie... Oui, mais pas dans la tête de Georges et c'est cela qui est et qui reste beau. Des œuvres donc sur lesquelles il travaillait d'arrache-pied, nuit et jour, à tous les postes, dans des studios de verre à l'aspect fabuleux - et malheureusement détruits depuis, forcément. Un créateur qui dès les années 10 fut malheureusement un peu vite enterré, et des dizaines de films, que dis-je, des centaines, qu'il décida un beau jour de brûler - la magie étant par définition une illusion et l'illusion, on le sait, ne dure jamais longtemps... Seulement voilà, il y eut de sa part ce rêve américain, il y avait également ce frère, ce Gaston, qui s'occupa outre-Atlantique de son business et qui, à défaut d'être fidèle à son nom (il réalisa des films locaux de circonstances... oubliables et oubliés), permis, presque malgré lui, la survie de l'art de Georges... Lange remonte la piste de ces bobines que l'on retrouva conservées dans une institution cinématographique américaine et évoque le travail (français, oui monsieur) qui s'en suivit pour redonner vie à ses péloches orphelines. Il est bienvenu de voir que Méliès, ce génie, quelque peu oublié de son vivant (quelques hommages, tout de même) par un coup du sort, ne pouvait disparaître totalement ; il tenta d'oublier son travail mais ce dernier n'oublia point son extraordinaire inventeur ; une fois de plus, il est bon d'insister comme le fait d'ailleurs, Lange sur le fait que Méliès, passé à la postérité pour son sens des effets spéciaux, était avant tout un artiste à l'imagination débordante, fignolant ses décors et ses petites trouvailles visuelles comme un orfèvre. Un cinéma des premiers pas que le bien nommé Lange, en fuyant sa passion du crime inscrit dans ses gênes de cinéphile, ne pouvait que joliment habiller.

