Les Châtaignes et les Glands (Donguri to shiinomi) (1941) de Hiroshi Shimizu
Il est un peu rageant de voir qu'à un mois près, après les multiples report dus au Covid, j'aurais pu être sur Paris pour assister à la rétrospective sur Shimizu - moi, grand spécialiste mondial (...) de la chose et oublié bassement par les organisateurs. Las, je peux tout de même me rabattre sur ce craquant court du sieur qui met en scène des bambins dans l'avant-guerre. L'un est le meneur des gamins du village ; l'autre, adopté, de Tokyo, considère ces gamins comme des glands (...) et refuse de jouer avec eux : il a surtout peur du leader qui fait régner sa loi... La personne qui a adopté le gamin (que ce dernier appelle mon oncle à son grand dam : "appelle moi papa !" lui ordonne-t-il) décide de donner une petite leçon au gamin qui arrive chez eux en pleurant - il s'est pris une châtaigne sur la tête (il a finalement joué avec les autres gamins qui cueillaient des châtaignes et, incapable de monter à l'arbre, s'est vu puni par le ciel...). Le père d'adoption part avec lui dans la campagne et le force à monter tout en haut d'un châtaignier : le gamin s'exécute, parvient au sommet et se rend compte alors que le pater a disparu, le laissant seul dans cette position inconfortable... La petite leçon donnée par le père portera ses fruits : le gamin en sort renforcé, prêt à affronter ce fameux leader autoritaire...
Ah c'est mignon comme tout, dès le départ, ces ribambelles de gamins qui repartent chez eux en courant après l'école ; les plans sont un brin répétitifs (tout le monde annonçant "je suis de retour" une fois devant leur home) mais Shimizu, comme Ozu, a le don pour filmer des enfants : leur jeu est au millimètre au niveau des dialogues et leurs courses donnent énormément de rythme à l'action... Ici, notre petit héros, va devoir d'abord échapper aux autres bambins qui lui courent après dans le village et à la campagne et sitôt rentré dans son nouvel antre familial, se confronter à ce père pas commode (deux gros plan sur le visage du père courroucé et l'affaire est dans le sac pour décrire le caractère d'icelui). Le gamin en chie comme pas deux pour grimper à l'arbre (on dirait moi avec une corde : on a jamais pu s'entendre) mais en reviendra plus confiant (avec son lot de châtaignes) et plus fort (prêt à affronter ce grand gland !). On assiste à un combat d'anthologie entre les deux gamins (un petit effet accéléré sûrement en trop mais passons) et à une scène finale avec une bien "jolie" morale (éducation à la dure, fraternité, égalité...). En trente petite minutes, Shimizu nous a transporté dans ce petit univers campagnard (encore serein) de ce début des années 40, dans ce monde de gamins et d'illusions vite perdues pour son bien et on en redemande... Fucking rétro qui m'échappe... A un mois...