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4 mai 2021

Stranger than Paradise (1984) de Jim Jarmusch

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Voilà une œuvre minimaliste, les vrais débuts de Jarmush, qui a gardé un petit air suranné goûtu. On est dans l'école du peu, du gens d'en bas, du trio qui tente de faire corps mais qui peine à garder sa cohésion. Eva arrive de Hongrie chez son cousin Willie guère plus accueillant que cela. Elle doit y passer une dizaine de jours avant de rejoindre Cleveland. Il lui fait rencontrer son pote Eddie, un peu plus emballé par la jeune fille mais qui ne parvient pas vraiment à convaincre Willie de l'amener dans leurs virées, en particulier aux courses de chevaux. On sent que Willie s'adoucit en offrant une robe moche à Eva mais le courant ne passe pas plus cela... Un an plus tard, après avoir arnaqué des types au poker, Willie et Eddie décident de faire une virée jusqu'à Cleveland pour voir comment la môme Eva, logée chez sa grand-mère, va. Le ton reste aux rires sobres et les activités sont aussi passionnantes que celles du troisième âge de Dornes dans la Nièvre. La visite du lac, sous la brume, recouvert de neige, est un pic... Notre trio infernal ne s'en laisse pas conter et décide sur un coup de tête d'aller en Floride : le temps, enfin, de l'éclate, ou du marasme triomphant ?

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Jarmush ne force pas son talent pour mettre en scène cette historiette sans coup d'éclat, où les silences sont souvent plus parlants que les longs discours. Willie, gentil loser, a l'ascendant sur Eddie, type accommodant, qui pourrait flirter avec Eva mais non. Sur ce fil rouge délavé (beau noir et blanc de Di Cillo où les blancs ont vite tendance à l'emporter sur les noirs), Jarmush construit sa petite trame de rien, séparant calmement chaque séquence d'un écran noir. Ce sont des petits riens, du quotidien, où tout se joue sans qu'on ait besoin de le clamer haut et fort. La complicité entre les deux comparses est évidente même si l'un profite insidieusement de l'autre, la présence d'Eva apporte un brin de légèreté même si les deux comparses la zappent dès qu'ils vont jouer aux courses -  jusqu'au bout l'on ne sait si ce trio finira par triompher (une petite beuverie sauvage à trois ?) ou à exploser (les circonstances, les hasards, parfois...). Jarmush, tranquille Jim, pose patiemment son pied de caméra pour filmer nos trois zozos, avec leur manque d'ambition, leur manque de folie mais avec cette petite touche d'humanité saine, pépère, banale, parfaitement captée en quatre-vingt dix minutes chrono. Du cinéma eighties sans esbroufe (le petit clin d'œil à Ozu avec les noms de chevaux...) et la naissance d'un cinéaste anti chic et choc. Du pur charmush, subtil avec une pointe de morosité de bon aloi.

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