LIVRE : Un long Voyage de Claire Duvivier - 2020

Des envies d'ailleurs, des envies d'univers fantastique, des envies d'histoires d'une autre ère ? C'est le récit tout en fantaisie (ou en fantasy) que nous propose Duvivier, une auteure qui nous prend doucettement par la main pour nous conter son jolie conte de grand-mère. Alors oui, je vous vois venir, vous allez me dire que je suis sarcastique avant même de commencer. Eh bien détrompez-vous, j'avoue mettre très facilement et très rapidement pris au jeu de cette histoire relativement originale dans une contrée imaginaire (Pardon ?). Après deux chapitres un peu longuets pour poser le cadre et les divers personnages de ce récit un peu alambiquée aux entournures (des royaumes, des îles du bout du monde, des rapports de force, un Empire, des peuples colonisés, d'anciens esclaves...), on rentre dans le vif du sujet : l'histoire se concentre dès lors sur les relations (d'abord à distance puis de plus en plus proches) entre un narrateur de basse extraction (Liesse de Roh-Henua (à tes souhaits)) et une future gouverneuse (Malvine Zélina de Félarasie (à tes amours)). Bon, je sais, j'ai déjà perdu Gols qui déteste les personnages dont les noms se terminent en "h" ou usent avec excès des dernières lettres de l'alphabet : ce bouquin n'est pas pour lui, je l'admets volontiers. Mais pour peu qu'on soit prêt à vouloir se laisser charmer par un récit qui nous fasse voyager à peu de frais, pour peu qu'on soit prêt à suivre des destins personnels et collectifs où pouvoir, révolte, guerre, conflit d'intérêt se mêlent, on trouvera en cette sympathique histoire résolument fantaisiste un véritable page-turner. Alors oui, j'acquiescerai volontiers si vous me dites que cette théorie de "voyages dans le temps" et de "beffroi détraqué" (Gols a le bourdon) est pour le moins fumeuse. Je vous le concède, on sent que Duvivier jongle avec des concepts qui lui échappent un peu en cours de route... Malgré tout, on suit le parcours de Liesse (enfant vendu, enfant éduqué, ado au service de, adulte marié et responsable, veuf retombant dans la misère etc...) et de cette mystérieuse Malvine (popopo, elle cache plus de secrets que Gols de conquêtes) avec une petite curiosité étonnamment aiguisée... Comme dans tout bon récit d'aventure, on a vite tendance à voir ces décors et ces différents peuples se matérialiser à chaque page et on plonge dans ce tumulte d'histoires avec un vrai petit plaisir coupable... Duvivier réussit avec ce long voyage un très joli roman pour ado (et ado retardé ? Mais je t'emm... Emmène-moi, c'est ça...) qui, à défaut de faire preuve d'un style fleurissant ou de véritablement fouiller les concepts qu'elle met en place (cette ancienne civilisation qui cherche maladroitement à prendre le pas sur la moderne : on effleure juste le sujet) parvient à nous tenir en haleine dans son univers et son H-histoire hors d'âge. Eh bien moi je dis, quitte à en faire bisquer un ou un, pas si mal et bien plaisant en ces temps moroses et auto-centrés.