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28 janvier 2021

La Marche dans la Nuit (Der Gang in die Nacht) (1921) de F.W. Murnau

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Un Murnau sans doute mineur mais un Murnau quand même, qui plus est rénové de façon extraordinaire. Ah que l'homme est faible, toujours à tomber amoureux de la mauvaise, ah que l'homme est bon mais malheureusement toujours pour son pire ennemi,  ah que l'homme est revanchard, toujours prêt à se laisser emporter par ses mots... Nous voici face à un médecin (le charismatique Olaf Fønss Alphonse (!) et ses cheveux chenus) bien sous tout rapport, presque au sommet de sa gloire, et aimé par une grande bougie ; seulement, un soir, le bougre, il se rend au cabaret où il se fait chier comme six sous - mais la donzelle, sur scène, celle pour laquelle il n'a aucun regard, est bien décidée à attirer son attention : elle fait semblant de se péter la cheville sur scène ; il intervient forcément dans les coulisses et l'autre lui fait un petit numéro d'orgasme à chaque fois qu'il lui touche la cheville - ce qui ne laisse pas totalement notre docteur de glace. Il y reviendra, il y tombera - dans le piège, amoureux. Il quitte fiancée, carrière et part s'installer à la campagne avec sa nouvelle muse... Notre homme, toujours doué pour la médecine, te soigne un aveugle de naissance (le type (Conrad Veidt) est peintre, étonnamment (!) - un peu comme Gilbert Montagné qui croit jouer du piano dès qu'il est sur un tabouret) : il lui bande les yeux et lui demande simplement d'enlever son bandeau quelques jours plus tard à 6 heures (oui, cela ne veut rien dire, mais il faut bien créer des rituels). Miracle, cela fonctionne (un espoir pour tous les aveugles qui liront ses lignes). Seulement ce bon acte ne sera point récompensé : alors même qu'il se rend chez son ex-amante mourante, l'aveugle lui pique sa gonzesse - le docteur est furax, aux abois...

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La vie est injuste mais pas seulement la vie, oserais-je... Alors même que notre docteur, loin des fulgurances de la ville et de la réussite, croit pouvoir s'épanouir dans ces landes en bord de mer, très joliment filmées d'ailleurs, alors même qu'il vit son idylle s'épanouir loin du qu'en dira-t-on et des mesquins, pam, l'impossible arrive, l'aveugle qui retrouve la vue et le coup de foudre improbable de sa meuf. Incroyable. Je passe sur le jeu un brin expressif de notre bon docteur (quand il se rend compte de cette trahison et prie le ciel ou quand il pense qu'elle revient vers lui et l'implore à genoux), le pauvre homme ayant résolument le droit de finir par craquer ; seulement voilà, lorsque sa douce revient vers lui (elle ose tout décidément, la bougresse) car l'aveugle (au jeu encore plus ultra-expressif : il parvient à plisser son front comme s'il s'agissait d'un mille-feuilles) reperd la vue : il pense tenir sa vengeance, notra Docteur devenu un peu satanique !!! Mais il tombera finalement encore plus bas - un happy end est cependant encore possible mais Murnau, décidément ne mange pas de ce pain-là, laissant notre pauvre docteur pourtant si généreux, si dévoué, à sa peine incommensurable. Un bien triste drame où frivolité (la danseuse à la cheville agile), drames (ah ce jeu un poil exacerbé des grands temps du muet) et grand air vivifiant se disputent la partie au cours d'un récit en cinq actes (assez sagement filmé toutefois) aux allures de romantico-tragédie. Eblouissant au niveau de la copie toute fringante, correct au niveau du récit où le mélo s'invite sans doute un peu facilement.

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