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27 janvier 2021

Hello, Dolly ! de Gene Kelly - 1969

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Une comédie musicale tradi à la fin des années 60 ? Gene Kelly l'a fait, oui messieurs-dames, se jouant allègrement des modes et des tendances. Lui, la comédie musicale, il l'a dans le sang, il raffole des danseurs qui lèvent leurs gambettes avec un unisson parfait, les voix bien placées qui partent dans les aigus, les atmosphères sucrées et les sentiments éternels, et puis c'est tout. Mieux même : il va réunir pour ce Hello Dolly ! un budget faramineux : il suffit de voir le premier plan pour mesurer la démesure de l'entreprise. Une immense rue du XIXème siècle reconstituée en studio, avec ses immeubles, ses 14000 figurants et ses tramways. On croit un moment que c'est une photo, jusqu'à ce que tout ça s'anime, dans des couleurs qu'il faut qualifier de chatoyantes, chaque petit personnage ayant son machin à faire, sa rue à traverser en dansant, sa fleur à négocier au marchand, son compliment à faire à la jolie fille... Voilà qui annonce la couleur, et on ne sera effectivement jamais déçu par l'ampleur du projet et le sens du spectacle de Gene Kelly.

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Ce n'est pas à ce vieux singe qu'on va apprendre à faire un pas de deux : les chorégraphies sont sublimes, d'une virtuosité effarante. A cheval sur une tradition hollywoodienne éternelle (des danseurs ensemble, nom de Dieu) et en même temps sur une certaine forme de modernité (ça gigote façon twist parfois), ces monstres de précision que sont les danseurs rivalisent de savoir-faire : les chorégraphies, signées visiblement par Michael Kidd, privilégient les immenses ballets de groupe et la jeunesse, et c'est un émerveillement pour les yeux de voir ces danses, certes un peu ringardes en 1969, mais réglées au poil de millimètre pour vous en mettre plein les mirettes. Il n'en faut guère plus à Kelly pour rendre l'ensemble un peu plus spectaculaire encore, de grands mouvements de grue, des plongées acrobatiques, un montage inventif et dynamique. Le travail entre Kelly à la mise en scène et Kidd à la danse est une osmose parfaite, et on replonge pendant deux heures dans un certain âge d'or, temps suspendu, émerveillement au menu, sidération devant les figures souvent très acrobatiques de ces exécutants au-delà du génie. Il y a notamment à mi-parcours un ballet d'ensemble hal-lu-ci-nant dans une parade : on pense que Kelly a dû utiliser un événements réel pour y inclure ses personnages, jusqu'à ce qu'on se rende compte que tout le monde, y compris le plus petit figurant tout là-bas au fond, est à l'unisson : gigantesque.

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Heureusement qu'il y a ces danses, parce que, à tous les autres niveaux, le film est raté. Le scénario, d'abord, est un imbroglio de situations improbables, incompréhensibles, succession de saynètes drolatiques qui semblent être posées bout à bout sans souci de cohésion. Il y est vaguement question de Dolly, entremetteuse qui œuvre à marier un vieux veuf bougon, alors qu'elle est elle-même amoureuse de lui. La rencontre avec une de ses prétendantes va être le prétexte d'un déchaînement de situations parallèles, qui vont du dépucelage en règle d'un benêt à un concours de danse, et tout ça ne colle pas ensemble. Gags lourdauds, séquences qui s'étirent jusqu'à l'ennui total, dialogues puérils, on n'est pas vraiment à la fête, et on se dit que Kelly aurait peut-être dû aussi engager un scénariste en plus d'un chorégraphe. Et puis les acteurs sont assez dégueulasses : Walter Matthau semble se demander ce qu'il fait là (et est chanteur comme je suis laborantine) et cabotine tout ce qu'il peut ; Michael Crawford est hystérique et joue dans un film pour enfants, grimaçant et usant d'un jeu très très appuyé ; et, dans le rôle titre, Streisand est agaçante : trop jeune pour le rôle, filmée laidement, douée ni pour la comédie avec ses deux expressions faciales ni pour le glamour avec son strabisme, elle se contente de braire ses pauvres chansons (si les danses sont excellentes, les chansons le sont nettement moins, malgré l'intervention de Louis Armstrong himself lors d'un duo) façon Céline Dion, les yeux levés au ciel dans une atmosphère vaporeuse digne des chromos spinaliens. On pique un somme donc entre les moments dansés, heureusement fort nombreux . Mais quand ils arrivent, on se reprend un bon gros shoot de nostalgie hollywoodienne. Et ça, ça fait du bien.

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Commentaires
M
Et Walter M. bien sûr. <br /> <br /> Lui, le génie à l'état pur, la grâce le toucherait même dans un Philippe Clair, un JM Straub, un Max Pecas, un JL Godard, ou un Alexandre Arcady.
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M
Bof... <br /> <br /> Streisand a une voix insupportable. Plus intenable, j'en vois pas, à part Céline Dion et ses clones. <br /> <br /> Côté mise en scène, Gene Kelly sans Donen (et vice versa), c'est quoi...<br /> <br /> De la zuppa inglese avec trop de sucre, trop de colorants, trop de levure, trop de fruits confits, trop de crème, trop de... <br /> <br /> On sauvera Big Louis et sa trompette. <br /> <br /> Mais... Définitivement bof.
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