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14 janvier 2021

LIVRE : Hervelino de Mathieu Lindon - 2021

9782818051139_1_75Ah cette chère Villa Médicis que le temps d'un été, je pus approcher et... Oups, bon, je m'emballe. Mathieu Lindon évoque Hervé Guibert colocataire de son appart à Rome durant un an et tente de livrer un récit en hommage à plus de douze ans de douce complicité (amicale, littéraire, et non sexuelle, tenez-vous le pour dit). On sent, sans conteste, une véritable admiration de Lindon pour ce partenaire qu'il connut quasiment au tout début de sa carrière de romancier et dans les dernières phases de sa vie (et ce même si il semblerait qu'il lui fut insoutenable d'aller le voir dans les dernières semaines, ce qui peut toujours s'entendre). Cette amitié transparaît indéniablement à la lecture de ce récit, un récit au cours duquel Lindon semble aller un peu à la pêche aux souvenirs, aux anecdotes diverses. Il y a des redites, d'ailleurs, mais cela n'empêche pas ce texte de montrer, malgré les petites dissensions entre eux, à quel point les deux hommes s'étaient attachés l'un à l'autre, les diverses dédicaces (citées en fin d'ouvrage) faites par Guibert à son poto, lecteur et camarade de jeu Lindon ne laissant aucune incertitude sur ce point. Lindon, au hasard des pages, parle aussi bien des restaurants qu'ils fréquentèrent, de leurs amis en commun ou encore de leur petite vie dans cette célèbre maison romaine. Ce n'est pas toujours d'un intérêt primordial pour la postérité littéraire de l'un comme de l'autre, mais c'est réalisé, une trentaine d'années après la mort de Guibert, en toute modestie, avec un vrai plaisir nostalgique de ce temps-là et des petits délires (private jokes, jeux de mots, références communes...) entre les deux compères. Le livre ne livre pas plus que cela mais c'est l'une des qualités de cet ouvrage qui, sur la pointe des pieds, tente de reconvoquer un temps disparu et surtout un frère perdu. Alors oui, on pourra être déçu de voir que Rome est traitée par le petit bout de la lorgnette (seule la bouffe et éventuellement une boîte ont droit de citer) ou de constater que Lindon n'évoque qu'assez superficiellement les périodes de création voire les livres achevés de son ami (quelques clés sur les personnages, mais rien que les lecteurs fidèles des deux écrivains ne pouvaient ignorer)... Plus gênant pour ma part, à la lecture de ce livre de Lindon (ce qui constitue une première...), le style du gars : je dois reconnaître qu'il me fut, parfois, assez difficile de me dépêtrer de ces phrases avides de subordonnants et à la construction syntaxique un brin acrobatique (une petite preuve en passant :"En fait, je ne suis pas sûr de lui avoir répondu quoi que ce soit. Je le suis que la réplique m’est venue immédiatement en tête, mais je ne me rappelle pas si je l’ai exprimée à voix haute, parce que c’était un moment où Hervé était dans un tel état que la priorité n’était pas d’avoir raison contre lui, outre que j’ai toujours eu ce sentiment d’incompréhension attachée à l’espèce humaine en général, et à moi en particulier, comme quoi l’incompréhension des autres est une fatalité contre laquelle il ne sert à rien de lutter, donnant des armes aux psychologues de toute obédience, et que je gagne du temps à ne pas essayer de me justifier puisque je n’y arriverai pas"). Plus d'une fois il m'est arrivé de revenir en début de phrase pour tenter de remonter le fil d'une pensée - on y parvient généralement, mais c'est un tantinet fastidieux ... Mais bref. Un récit d'amitié, écrit avec foi, à défaut d'être une pierre littéraire parfaitement polie. Guibert is not dead.

Commentaires
M
C'est pourtant clair. <br /> <br /> Y en a un peu marre de ces textes dits "à l'os", "sans gras", de ces phrases télégraphiques dites "sèches" , avec point final tous les deux mots, pas vrai ? <br /> <br /> Voilà des décennies qu'on se tape une ère "stendhalienne" de l'écriture. Car il semble qu'il y ait aussi des modes en littérature. Tiens, par exemple, ce présent de l'indicatif partout... Cette simplicité soit disant "limpide" qui cache le plus souvent une pauvreté stylistique et/ou de vocabulaire. <br /> <br /> Bon... Ben, vivement le retour des Proust, des Laclos, des Hugo, des phrases enflammées, foisonnantes, retorses, du passé simple et du subjonctif, et tutti... <br /> <br /> Oui, je sais, c'est plus difficile, ça demande du talent pour que ça ne vire pas à l'indigeste. Ouais. Je sais. <br /> <br /> Mais là, j'en peux plus des "os" et des squelettiques! <br /> <br /> Je veux de la viande ! du gras ! des viscères! <br /> <br /> C'est bien, parfois, qu'un texte se donne - et donne, un peu de mal, non ?<br /> <br /> Ce sont souvent d'eux qu'on se rappelle le mieux. <br /> <br /> Pas lu ce Matth. Lindon, et je ne pense pas que je le lirai (Guibert m'emmerde) mais s'il s'est mis en mode hors-mode, il a toute ma sympathie.
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