The King of Marvin Gardens (1972) de Bob Rafelson
Un film qui m'a plongé dans un ennui absolu, dans une léthargie presque plus profonde que le sommeil. Pourtant, cela partait plutôt bien avec ce gros plan sur Jack Nicholson envoutant ses auditeurs à la radio : un Jack sobre, presque dépourvu de tics, qui joue aux intellectuels de base en narrant une histoire aux allures très personnelles ; notre Jack rentre chez lui (la petite surprise de rencontrer son père : Jack est bien un formidable "conteur") et apprend que son frère, après plusieurs années de silence, a essayé de le contacter. Jack, après être parvenu à avoir son frère, se rend à Atlantic City. Son brother (l'exubérant Bruce Dern) est en prison mais il en sort rapidement et évoque ses plans à Jack : il aimerait monter un business (et diriger un casino) sur une île hawaïenne : l'occasion rêvée pour que les deux frères se retrouvent associés... Là encore, on se frotte les mains de plaisir devant cette façon qu'a l'excellent László Kovács de photographier cette ville si particulière : en parvenant magiquement à ressortir les gris, en nous faisant humer des narines cet océan qui borde la ville, le cinéaste nous plonge dans une atmosphère à la fois plombante et doucettement nostalgique, un genre de Deauville ricain hors-saison... Puis Jack discute avec Bruce, Bruce discute avec Jack, ça sent les entourloupes (des blacks aux aguets, des Nippons louches...), et puis il y a deux femmes (dévouées à Bruce, la mère (Ellen Burstyn, sur le déclin) et la fille (la pimpante Julia Anne Robinson)) qui viennent amener leur grain de sel, blablabla... Mais tout cela s'enlise, et notre attention avec... Oui, on apprécie d'avoir affaire à des petits numéros d'acteurs filmés dans la longueur... Mais on se demande aussi quand le film va réellement démarrer... On patiente, on patiente jusqu'à la lie... On sera juste tirer de notre rêverie par un coup d'éclat cinq minutes avant la fin, comme si Bob avait décidé tout d'un coup de nous tirer de notre somnolence... On voit bien que pour lui, l'essentiel était dans la confrontation de ces deux frères, si différents, qui tentaient tant bien que mal de retrouver une complicité perdue. L'effort est sain mais il semble également affreusement vain... Si le scénario est très écrit, faisant la part belle aux dialogue, les séquences entre elles s'enchainent mal et l'on a rapidement l'impression d'assister à une œuvre décousue, faite de différents petits moments simplement juxtaposés, terriblement répétitif et lassants. Des numéros d'acteurs, au final, qui tournent en rond et nous assomment de leurs mots... Je suis passé totalement au travers de ce jardin... Sorry Bob & Jack.