Hidden (The Hidden) (1987) de Jack Sholder
Eheh, quelle idée que de se refaire cette petite série B découvert en son temps en salle grâce à la présence de ce héros au sourire si doux : Kyle MacLachlan ! Sur un scénar qui aurait fait marrer Philip K. Dick (deux extraterrestres sous enveloppe humaine se pourchassent sur terre), Sholder (vous pouvez les hausser) trame un polar nerveux plein de coups de feu, de violence gratuite et de grosse ficelle ; avant d'être l'agent Cooper, Kyle fut l'agent du FBI Gallagher (…), ce qui donna peut-être quelques idées à Lynch. Non pas qu'il soit ici particulièrement extraordinaire mais il y a déjà en lui sous son visage poupon un sérieux de façade tout à fait prometteur (à Lynch reviendra bien sûr le rôle primordial d'insuffler de l'humour à ce personnage). Notre Kyle poursuit une brute responsable de la mort de sa famille et de son partenaire. Autant dire qu’il est vénère. Particularité du tueur : il aime les Ferrari et la musique bourrine. Autre signe particulier : quand son enveloppe humaine est foutue, ce mélange de scarabée et d'escargot s'empare du corps du premier être qu'il trouve sur son chemin (parfois pour le meilleur - le corps en pleine forme d’une prostituée, parfois pour le pire : pas une bonne idée que ce type cardiaque à l'estomac détruit) ; il ira même jusqu’à se fourrer dans la peau d'un chien et, le pompon, dans celui d'un flic. Mais attention Kyle, lui-même, disais-je, vient d'une autre planète et il n'est pas sur terre pour s'amuser : c'est un type qui n'a qu'un objectif ; celui d'annihiler cette bête de l'espace avec son laser... Seulement voilà, non seulement le tueur est futé, mais en plus Kyle doit se farcir comme partenaire un flic suspicieux qui ne va pas forcément lui rendre la vie facile…
33 ans plus tard je me souviens encore de ce tueur (peau numéro 2, le type avec un cancer à l'estomac) qui fait son caprice chez un vendeur de Ferrari :"I want this car !" répète-t-il à l'envi (J’ai vraiment une mémoire sélective étrange…). Personne ne le prend au sérieux, et c'est bien dommage car cet extra-terrestre est particulièrement têtu et jusqu'au-boutiste. Il aura la bagnole. Après quelques cadavres supplémentaires... Le truc se déroule sur un ton papal (MacLachlan, droit comme un i, le tueur sans morale) mais on sent que Sholder, si on le pousse un peu, garde un fond un peu déconnant (cette putain de musique métal avec lequel le tueur emmerde son monde, MacLachlan mettant du temps à comprendre la différence entre un comprimé effervescent et une simple aspirine...). Dommage que Sholder se fasse rattraper par sa trame et qu'il mette rapidement l'accent sur les pétarades, les corps qui explosent et les règlements de compte corsés. Du coup, c'est un peu lancinant et guère original mais cette série B teintée de SF (on n’abuse pas des effets spéciaux cela dit...) demeure heureusement relativement musclée pour qu'on tienne le choc jusqu'au bout. Ah c'est un peu con comme un balai sans manche mais la détermination de MacLachlan sous les yeux d'un partenaire mi-méfiant mi-éberlué vaut quand même le détour. Pour la nostalgie des eighties tout du moins... Aprèèèès, mhhhouais, on est d'accord.