Les Trois Jours du Condor (Three Days of the Condor) de Sydney Pollack - 1975
Certains films des années 70 ont pris un sacré coup de vieux, m'est avis. Si tant est qu'ils ont été un jour bons... Les Trois Jours du Condor, que je n'avais curieusement jamais vu, est un pensum complètement à côté de la plaque, et qui plus est a pris des aspects très ringards avec le temps. Dès les premières minutes on s'ennuie sévère et ça ira de mal en pis : toujours de quelques mètres en avance sur nous, Pollack joue avec nos nerfs en plongeant son héros dans une histoire qui le dépasse. Pendant sa pause déjeuner, tous les collègues de Joseph Turner (Robert Redford) sont décimés par balle. Qui peut bien en vouloir à cette boîte qui s'intéresse aux polars de gare publiés dans le monde ? Très vite pourtant, on apprend que Turner est un agent de la CIA, et si on ne sait toujours pas pourquoi celle-ci a décidé de le dézinguer en même temps que son équipe (on ne le saura jamais, ou alors c'est mon peu de goût pour les intrigues d'espionnage qui fait que ça m'a échappé), il y a de la trahison et de l'affaire d'état dans l'air. Ok, on veut bien,même si cette première séquence, qui aurait dû être spectaculaire, est complètement ratée : suspense dans les chaussettes (on imagine ce que De Palma en aurait fait), interprétation fluctuante, personnage principal assez antipathique dans lequel on ne se projette pas...
Mais bon, on est prêt pour une intrigue à la Hitchcock, avec héros contraint d'échapper à ses tueurs tout en recherchant les raisons de cette traque. Maheureusement, le film s'enfonce de plus en plus dans l'incohérence, les fautes de mise en scène, l'ennui total. Pollack semble très préoccupé par ses histoires d'espions, par son scénario complotiste, et nous perd complètement là-dedans, alors qu'il aurait mieux fait de se préoccuper de sa mise en scène, du fun contenu forcément dans ce type d'intrigue. Même si on ferme les yeux sur les incohérences, on ne peut que soupirer devant ces scènes longuissimes de coups de téléphone ou de dialogues entre pontes de la CIA, interprétées par des acteurs par ailleurs pas terribles : Redford n'arrive jamais à donner une épaisseur à son personnage, emprisonné qu'il est dans les archétypes de l'espion dépassé ; Faye Dunaway n'a jamais été aussi mauvaise, et il faut notamment voir la scène de sexe ridicule qu'elle a avec Redford pour voir que son jeu n'est qu'une façade et qu'elle joue plus les mannequins qu'un personnage ; Cliff Robertson est lui aussi engoncé dans sa fonction et n'a aucune marge pour sortir des rails de l'intrigue et faire exister son rôle... Vous l'aurez compris : on ne capte rien à la trame, on pleure devant l'absence flagrante de scènes d'action ou de suspense, c'est mal joué et mal écrit, ça passe à côté de tout ce qui aurait pu être amusant, c'est un gros plantage.