Train de Nuit (1994) de Michel Piccoli
Un homme, un train, des souvenirs, le fantôme d'une femme à laquelle cet homme s'adresse... Nous n'en finirons jamais de rendre hommage à l'ami Piccoli (rejoint depuis peu par sa seconde épouse) : voici donc un court métrage adapté d'une nouvelle de Maspero et réalisé par le sieur himself avec la participation de Dominique Blanc et de la SNCF. Un homme se souvient des voyages qu'il a effectués avec cette femme, ressasse des souvenirs, énonce des leitmotive (tu me réveilleras quand tu verras la mer, le train va repartir : dans l'autre sens bien sûr...), des souvenirs d'enfant(s), des souvenirs d'un autre temps plus gai où la femme était là, des souvenirs d'un autre temps plus triste aussi, avec ces images de villes allemandes bombardées, avec ces Juifs qui montaient dans des trains... Bref des trains de nuit filant vers le bonheur ou vers l'horreur. Notre homme, lui, Piccoli, se rend vers une demeure au bord de la mer et ce sera à nouveau l'occasion pour lui d'égrener des souvenirs devant des photos de cette femme... Un film qui file comme un train dans la nuit, comme dirait l'autre, et cette ultime demeure en bout de course, avec des souvenirs sans cesse envahissants, avec le bruit lancinant de la mer, avant de laisser la place au silence et à l'accompagnement musical de Charlie Haden, une musique toute en retenue qui se poursuit sur le générique de fin avec ce morceau intitulé fort justement Silence. Un court en hommage à cette vie qui file et à ces souvenirs qui hantent. Et la voix gutturale de Piccoli pour nous bercer dans ce bref voyage. Hommage donc, again and again à cet homme discret capable d’évoquer avec pudeur des images enf(o)uies du passé.