La belle Rousse du Wyoming (The Redhead from Wyoming) (1953) de Lee Sholem
Maureen O'Hara est la belle rousse du Wyoming. Je pense qu'on a fait le tour de l'intérêt de ce film signé d'un Lee Sholem qui n'est pas resté, bienheureusement, dans le panthéon des réalisateurs de western. Rien de particulièrement honteux dans cette œuvre aux jolies couleurs (quand on aime le rouge), juste un scénario très plan-plan et des scènes d'action relativement brouillonnes. Il y est question avant tout de bétail, et de son marquage... Plusieurs camps s'affrontent à ce propos : il y a d'un côté le grand propriétaire Duncan (Alexander Scourby, tout en moustache et en air renfrogné) qui veut régner en maître dans la contrée ; il s'oppose aux nouveaux arrivés, les colons, qui aimeraient bien eux aussi capturer de la vache sauvage et faire fortune ; seulement ils sont prévenus, si Duncan en voit un sur ses terres (il possède presque tous les pâturages, le bougre), il le descend ; et si on lui vole ses bêtes, il l’empale. Au milieu, on retrouve un certain Jim Averell (William Bishop : un nom à la con et le charisme de Joe Dassin en prime) qui aimerait que tout le monde se foute sur la gueule pour récupérer les miettes et devenir gouverneur (il emploie d'ailleurs, en cachette, des types censés mettre le feu aux poudres). Il a fait venir la fameuse rousse dans le bled pour lui confier une maison de jeu et pour servir de prête-nom à un trafic de vaches (une sombre histoire de marquage digne du club des 5 : la marque des vaches de la rousse peut se superposer à celle des vaches de Duncan - malin). La rousse, pas au courant dans un premier temps de ce micmac, s'offusque mais se sent piéger par ce fourbe de Jim. Enfin, en observateur extérieur, il y a un shérif (Alex Nicol, l'allure assuré de moi en skate) qui n'aimerait pas que la situation explose, nom de nom. Il lorgne sur la rousse qui n'a pas l'air totalement insensible à son petit charme fragile...
Une fois que l'action est posée (ok, on a compris l'histoire de bestiaux), on attend d'un œil morne que tout cela s'envenime... Et on attend, on attend... Alors oui, disons-le, puisque c'est sans doute le seul véritable intérêt de la chose, Maureen O'Hara, la seule donzelle dans le lot, incarne une femme forte (un peu de féminisme dans les fifties, c'est notable) bien décidée à mener sa barque comme elle l'entend. Oui, elle profite au départ de l'appui de cette canaille de Jim... Mais cela ne l'empêche point de faire ami-ami avec les colons qui fréquentent sa salle de jeu et ses filles de joie (pardon, ses danseuses), de faire de l'oeil au shérif car on ne sait jamais, sur un malentendu, ou encore d'aller voir Duncan en catimini pour assurer ses arrières. Bref, elle mange un peu à tous les râteliers mais c'est surtout pour garantir la paix dans le pays et son indépendance - bref une rousse qui se sent forte. Il y aura bien sur la fin une petite pétarade tant attendue mais le truc a des allures de pétard mouillé qui rentre vite fait dans l'ordre. On appréciera au moins tout du long les tenues de la Maureen (et ces gaines qui te donnent une poitrine conique (un peu comme si tu cachais tes flingues sous tes bonnets), c'était surement la mode). Toute petite série B qui pourrait à la limite contenter les fans de couleurs primaires.