Canalblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
OPHÜLS Marcel
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 août 2020

Jeunesse en Furie (Kawaita mizuumi) (1960) de Masahiro Shinoda

vlcsnap-2020-08-24-14h17m10s116

On n'en finira jamais d'explorer ces films nippons du début des années 60. Shinoda, d'une façon un peu brouillonne au départ mais avec une certaine maîtrise malgré tout dans son fil rouge (un second film et une volonté de multiplier les personnages secondaires), nous présente cette jeunesse "furieuse" des sixties avec, en particulier, deux caractères masculins plutôt antipathique : l'un, richard, qui s'amuse de ses courtisans et les exploite au besoin (surtout les femmes), l'autre, Shimojo, un étudiant "encarté" dans le syndicat de son université qui veut jouer les électrons libres - très libres même. Deux petits dragueurs à la belle gueule prêts à dire tout et n'importe quoi pour choper de la chair plus ou moins fraîche. Si le jeune friqué se distingue par sa cruauté (la terrible scène où il demande à une jeune fille de se dévêtir en public en échange des deux millions qu'elle réclame pour sauver l'entreprise du paternel), Shimojo est définitivement moins prévisible ; il couche à droite à gauche (une patronne de bar influente, une jeune fille un peu délurée, une autre beaucoup plus assagie...), passe son temps à faire des promesses en l'air et se fait un malin plaisir à tenter de contredire ses camarades étudiants ; alors même que ceux-ci s'organisent pour s'opposer, en manifestant, au traité de sécurité entre les USA et le Japon, il se rêve en héros solitaire, prêt à remporter la cause à lui-seul - il se veut plus clairvoyant et réaliste que les autres mais s'aveugle peut-être quelque peu sur son propre compte...

vlcsnap-2020-08-24-14h17m55s062

vlcsnap-2020-08-24-14h18m48s328

Je le disais, on peine au début à voir où le film veut nous mener, nous faisant une présentation un peu disparate de cette jeunesse qui, quinze après la défaite, tente de s'émanciper par tous les moyens de ce pessimisme du passé. On fait du bateau, on drague ouvertement, on picole sec, bref, on tente de mener une petite vie de tout bon jeune con qui se respecte... Si nos deux héros masculins font les marioles, l'un avec sa thune, l'autre avec sa gouaille et sa belle petite gueule, on ne peut pas dire que les jeunes femmes soient particulièrement à la fête. Il y a celle trop dépendante de son mec et de ses caprices (pas bon, de l'ancien modèle), il y a celle plus méfiante qui finit malgré tout par tomber dans le panneau du dragueur de base et puis il y a surtout celles qui n'ont pas d'autres choix que de se vendre (c'est bien le mot) au plus offrant ; qu'il s'agisse d'un sugar daddy (après la mort du père, une mère sacrifie son aînée pour joindre les deux bouts) ou d'un jeune héritier, les femmes qui n'ont pas encore toujours l'opportunité de trouver un travail qui les fasse vivre, semblent encore bien obligées, dans cette société dite moderne (et qui n'est finalement sans doute que plus violente, économiquement, que celle d'avant), de brader leur âme en attendant des jours meilleurs. Derrière ce petit côté facile et clinquant des sixties se cachent encore certaines réalités que Shinoda expose volontiers : les jeunes femmes, avec leur petit minois tout frais (quelques scènes de sexe mais où elles semble surtout objet du désir que maîtresse des actes), ont tôt fait de retomber dans l'ornière de l'ancien monde avec ses mâles dominants... La seule façon de faire changer les choses – c’est la petite leçon que Shinoda tente de donner en creux - est éventuellement, pour ces femmes exploitées, de se joindre à la contestation générale contre le gouvernement ; cela semble en effet la seule façon pour ne devoir se compromettre avec ce rupin odieux ou ce loser de Shimojo qui pète bien plus haut que son front. Un petit film nippon qui derrière ses allures un peu décousue nous dresse un portrait bariolée, très vivant et mouvementée de cette jeunesse "en transition" (et pour certains en perdition) des sixties.  

vlcsnap-2020-08-24-14h19m13s079

Commentaires
Derniers commentaires
Cycles
Cycle Collection Criterion 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Cinéma Japonais 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Festival de Cannes 1 2
Cycle Western 1 2 3
 
 
Best of 70's      80's      90's      00's      10's
 
Ecrivains