Histoire de la Violence de l'Underground japonais 2 : le Violeur (Zoku Nihon bôkô ankokushi: Bôgyakuma) (1967) de Kôji Wakamatsu
Deuxième partie de ce triptyque qui, comme vous l'aurez sans doute deviné, est à placer sous le signe de la douceur et de la tendresse. Après l'histoire de violeurs à travers les âges, voilà l'histoire d'un homme, violeur et meurtrier ; la question qui est débattue au départ par la personne en charge de l'enquête, est la suivante : agit-il seul ou pas ? Car notre homme, responsable de onze victimes, semblent vouloir reconnaitre les viols mais point les étranglements fatales ; est-il aidé par un homme de l'ombre ou est-il totalement schizophrénique ce qui est toujours une possibilité dans ce genre d'affaires... Bref, il va s'agir d'étudier la vie de cet individu peu recommandable que l'on retrouve, en flash-back, se promenant pas loin de son antre... On le découvre zyeutant une femme qui se promène, il la dénude (littéralement) du regard et se jette sur elle en l'appelant Yoshie ! Pas de doute, il y a là un premier trauma dans cet acte pour le moins condamnable. Quand on découvre sa grotte-refuge avec quatre cadavre de femmes non décomposées, on se dit que le trauma a dû être méchamment sévère... Il aggrave son cas en faisant preuve d'une nécrophilie indéniable - est-il criminel ou pas ? Laissons pour l’instant le doute planer mais on a au moins dès le départ une certitude, il n'est franchement pas tout seul dans sa tête...
Wakamatsu, à nouveau, nous met tout de suite dans le bain : on découvre dès les premières séquences une femme vivement asticotée sur la plage et, alors que la deuxième bobine passe à la couleur, cet antre glauque et morbide. La façon qu'a le héros de positionner ces femmes, assises, de leur parler... fait penser à une drôle de dinette pour adulte avec des poupées Barbie de chair et d'os. Ça fout forcément un peu la trouille. Le cinéaste filme les viols dans la longueur sans pour autant tomber dans un excès de gore - c'est simplement les faits, froids, avec ce personnage pressé d'en finir – puis il décide de remonter le cours de l'histoire en évoquant justement cette fameuse "Yoshie" : un épisode qui a détruit notre homme, un individu qui depuis se lance dans une sorte de fuite en avant, discourant avec lui-même, entretenant par la même sa propre folie... Une sorte d’épisode "fondateur" est bien à la base du dérèglement sentimental de notre violeur incapable de sortir depuis de ce cercle infernal et funeste… Wakamatsu, après avoir énoncé les faits et tenté de donner les conclusions de l'enquête, ne cherche pas à juger notre criminel mais ouvre le débat en posant d'autres questions tout aussi dérangeantes - comme si, d'une certaine façon, personne n'était totalement à l'abri d'un tel pétage de plombs - ce qui fout encore plus les chocottes. Une œuvre a minimia au niveau des moyens mais qui va droit au but, sans chercher à se rouler pour le plaisir dans la fange pornographique ou l'ultra-violence. Direct, avec un montage toujours aussi efficace et très peu de gras dans la ligne narrative. Reste le troisième opus.



