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11 juillet 2020

Les Gaz mortels d'Abel Gance - 1916

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Quelle connerie la guerre. C'est ce que semble penser le brave professeur Hopson, génie de la médecine depuis qu'il travaille sur les serpents venimeux : pacifiste émérite, oeuvrant pour la paix universelle, le voilà pourtant contraint par l'Etat à devoir inventer un gaz mortel pour dézinguer les Allemands efficacement. Dilemme moral et tergiversations éthiques, compliquées par le complot immonde fomenté par ses proches, un salopiot chasseur de serpents rendu fou de rage depuis que le professeur lui a arraché sa gonzesse des mains, et ses cousins à la Thénardier. Avant cet épisode, il faut certes se taper 40 minutes de film déconnectées de cette histoire principale, si bien qu'on a un peu l'impression d'assister à deux films en un. La première partie, donc, est constituée d'un sauvetage : Ted, chasseur de sepents, envoie au turbin sa douce et gracile femme, au risque de la voir se faire mordre par un de ces reptiles dangereusissimes. Quand elle rentre bredouille, elle prend sa beigne, si bien qu'elle finit par envoyer un SOS au professeur qui s'impatiente devant le peu de serpents livrés. Celui-ci, n'écoutant que son courage, va sauver la belle des griffes de Ted et en faire sa protectrice. Une partie un peu moyenne, il faut le reconnaître, malgré des plans assez fabuleux sur les fameux "pales serpents corail", ou un sens du cadre très en place. Gance filme le soleil et la chaleur du Mexique, et les rend palpables. Joli échange de coups de poing également entre Ted et l'adjoint de Hopson, et belle présence de cette mignonette Maud Richard, qui se pâme de peur et tord ses mimiens avec beaucoup d'entrain. C'est agréable à regarder, d'autant plus que la rénovation de la Cinémathèque est magnifique. Mais on se dit que l'histoire part un peu en vrille, n'est guère passionnante, piétine quelque peu, et que Gance est en train de nous la mettre à l'envers, réalisant un film en plein coeur de la guerre sans nous parler de la guerre.

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Mais deuxième partie, donc, de retour at home, où se noue cette sombre histoire de gaz et de machination familiale. On oublie complètement l'exotisme de la première partie, et on assiste à une montée en puissance de la tension dans un superbe montage. En gros, il y a trois lieux, et une tragédie se déroule dans chacun d'eux dans le même temps : des méchants qui sabotent l'usine de fabrique de gaz, les gentils enfermés à l'intérieur, et une garce chargée d'assassiner un charmant bambin sous la garde de Maud grâce à un serpent au venin mortel. Les trois lieux sont filmés dans un seul mouvement, faisant monter le suspense avec une maestria assez incroyable pour l'époque, où la notion de montage alterné devait encore en être à ses balbutiements. C'est comme si l'avancée du gaz sur la ville coïncidait avec la reptation du serpent vers le lit du môme, comme si la tentative de sauvetage de ce brave Mathus (5 feux d'artifice qui peuvent rendre le nuage de Tchernobyl inoffensif, en gros) se heurtait contre le minuscule drame qui se déroule dans la chambre d'enfant. On voit bien que Gance n'est pas le dernier des ânes, qui réussit une série de cadres et de séquences enchevêtrées de toute beauté : cette partie-là est haletante et franchement réussie ; même si on remarque que la guerre n'est qu'un arrière-fond et qu'on en parle à peine, comme s'il fallait absolument compenser le moral des Français avec un film à suspense bien innocent. Vous avez toutefois le droit de voir dans ce gaz qui descend sur la ville toutes les allégories que vous voulez sur l'avancée de l'ennemi, et choisir votre camp entre les tenants de la paix et les infâmes comploteurs. Un bien beau film, qui m'encourage plus que jamais à fouiller plus en avant dans l'oeuvre de Gance.

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