Schizopolis (1996) de Steven Soderbergh
Soderbergh fait son Quentin Dupieux avec cette histoire totalement absurde, où il se plaît, avec sa femme, à jouer, où il se crée, tout comme sa femme, un double, où il multiplie les digressions et autres parenthèses... la seule petite différence, avec Quentin, c’est que c'est raté. On l'aime, notre Steven, et ce depuis ses tout débuts, on sait, que notre Steven, est un touche-à-tout, on sent, chez notre Steven, cette envie de se mettre en scène, de jouer sur les codes, le métalangage, de faire dans le loufoque (…) la seule petite chose cocasse qui foire, mon cher Steven, c'est que ce n'est non seulement pas drôle... mais surtout que c'est affreusement poussif (90 minutes, mon dieu, j'ai bouffé toutes les cacahuètes en prenant bien soin de sucer au préalable tout le sel mais cela n'a pas suffi pour me maintenir concentré - les trente dernières minutes, avec l'heure avant, sont un calvaire). L'histoire ? Ah oui, il y en a une, celle d'un secrétaire au service d'un connard genre Hubbard pour lequel il doit écrire un discours. Ce type fait son max mais se fait hurler dessus pas son supérieur hiérarchique direct... Sa femme, qui s'ennuie, décide de se taper son double (quelle originalité - ça tourne en rond et c'est pas fini) qui est, lui, dentiste. Un dentiste qui est tombé amoureux d'une patiente qui (ohohoh) est le double de son amante (on sent le récit de couple un brin autocentré : ils ont bien dû se marrer dans leur cuisine les deux cocos en écrivant ce scénar le temps d'un aprèm un peu trop arrosé au rosé...). Oh et puis, misère, il y a également des histoires parallèles... Comme celle de ce gars anti-cafard qui est suivi par une équipe de télé (Bon, pourquoi pas... sauf que ce n'est ni drôle ni intéressant) puis qui est engagé par un couple de scénaristes blablabla - une sorte de mise en abîme sans fond... Il y a aussi de temps en temps des news à la télé censés être drôles car si décalés... Soderbergh fait tout ce qui lui passe par la tête, montre qu'il est doué pour faire des grimaces, qu'il aime, de façon souvent grivoise, parler de cul, ou encore qu'il est attiré par les langues étrangères (les deux personnages qu'il incarne parlant, dans la dernière partie, japonais, puis italien, puis français... on se tape sur les cuisses pour faire passer les fourmis)... Non, il n'y a pas à dire, on sent qu'il met le paquet dans le grand n'importe quoi sauf que n'est pas les Monty Python qui veut. On regarde la chose en étant plus souvent consterné qu'à son tour et l'on se dit que, cet opus de Soderbergh, on aurait pu très bien s'en passer. Une petite récréation, un délire perso, une façon de montrer au monde qu'il ne se prend pas au sérieux ? Oui, enfin, il en aurait fait un film de vacances que personne n'aurait trouvé à redire sur le principe. Foireux.