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22 juin 2020

La Cloche de Sayon (Sayon no kane) (1943) de Hiroshi Shimizu

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Ne nous méprenons point, nous sommes en temps de guerre, et il s'agit bien là d'un film de propagande nippon pour montrer toute la dévotion franche et sincère des Takasago, une éthnie de Taiwan : tous derrière l'Empereur, bien évidemment. Après une petite introduction aux allures de documentaires (le peuple paysan des Takasago se trouve entre deux collines...), on suit les pas de celle qui sera l'héroïne de tout un peuple, Pocahontas, ou disons Sayon. Elle est jeune, bonnasse, libérée, elle parle japonais couramment, elle s'occupe des cochons, des canards et des enfants... Ah la vie sauvage... Mais attention, dorénavant (ce fameux rôle civilisateur) les gamins saluent le drapeau et apprennent le Jap avec un dévouement total. Oui, bien sûr, il faut aussi rendre hommage au passage à ses policiers-instructeurs (un peu d'encadrement, c'est toujours utile) qui se transforment ici en docteurs, profs, constructeurs (pas besoin de grande qualif pour enseigner à des indigènes, on est d'accord)...

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Sayon est la leader des gamins, sourit à tout vent, n'hésite pas à fouler du pied les légendes à la con des ancêtres (aucune femme doit se rendre sur ce lac... balivernes... l'avenir ne lui donnera d'ailleurs, bizarrement, pas forcément raison) pour permettre à son futur époux (un jeune du coin qui revient sur ses terres bardé de diplômes) de transformer une partie du lac en zone de culture... On se tape des danses locales (assez mignon tout de même ces petits regroupement autour du feu, non ?), des chants de propagandes qui pètent les oreilles et quelques incidents locaux banals (la jalousie d'un autochtone envers le promis de Sayon) mais rien qui ne vient entamer le moral et la foi de se battre pour le pays : c'est jour de fête quand on est appelés à servir sous les drapeaux, à se battre pour l'Empereur, un jour de gloire pour ces jeunes gens conquis... par les conquérants. On y croit pas une seconde, mais c'est fait pour cela la propagande. Quand le copain de Sayon est enfin appelé à son tour à se battre, c'est l'extase... enfin, pas tant que cela finalement : le temps est à la pluie (torrentielle) et provoque une tragédie terrible - comme si les Dieux se vengeaient des Japonais en quelque sorte (interprétation toute personnelle). Cela n'entame point l'entrain général mais coupe un peu l'herbe sous le pied à ce sentiment dominant de positivisme forcené. Une œuvre de commande qui nous permet au moins de faire connaissance en ces temps troublés avec une ethnie qui semblait pouvoir parfaitement se passer jusque-là de ces colons voisins… Bref, il faut savoir faire des concessions... (Quid sinon de la rétrospective Shimizu à la Cinémathèque ?... Elle semble bien s'être fait manger tout cru par De Funès... Dommage, car avec 62 oeuvres de Shimizu au catalogue, cela s'annonçait meuh-meuh !) 

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