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16 juin 2020

Dos Monjes (1934) de Juan Bustillo Oro

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Troisième fournée des films du monde « sauvés par Scorsese » (on résume) et on peut dire que cela part sur de bonne base avec ce film mexicain des années 30 où Jules et Jim, Rashomon et La Religieuse se tutoient... Pour la faire courte et plus parlante, il s'agit de l'histoire de deux moines (pas de titre français pour l'instant donc je laisse le titre original) qui lorsqu'ils se rencontrent dans ce sombre couvent (l'un serait possédé par Satanas, l'autre aimerait lui apporter tout le réconfort et la béatitude qu'il se doit) se mettent sur la gueule : assommer son prochain avec un crucifix lourd comme une commode, c'est mal. Comment mon frère peux-tu agir ainsi ? Notre homme, remis de ses émotions, raconte sa version de l'histoire : deux amis de toujours, une jeune femme perdue et la fatale tragédie au bout du chemin... On ne peut jamais faire confiance à ses amis, se dit-on dans un rictus diabolique ! Mais attendez deux minutes, l'autre pote, celui qui s'est fait ouvrir le crâne à coup de crucifix (objet aux multiples angles traîtres), est loin d'avoir dit son dernier mot. Lui aussi, il a sa version des faits : il s'applique alors à apporter toute les nuances qu'il faut à cette histoire. Amen.

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Une restauration dès le départ bluffante (je suis libre si vous voulez pour repeindre les noirs sur de vieilles copies) et une atmosphère... expressionniste à l’allemande (mâtinée de gothisme, grands dieux !) assez troublante : une pendule et une cheminée aux contours biscornus, des barreaux de fenêtre dans tous les sens, des jeux sur les ombres chinoises, des acteurs qui, à l'occasion, surjouent un brun… Diantre ! Après une ouverture saisissante dans ce couvent très dépouillé, on pénètre dans le décor du premier frère, alors pianiste, un décor dont la grande baie striée de barreaux donne sur la fenêtre d'une jeune femme. On dirait une sorte de scène de théâtre en trompe-l’œil et on apprécie à sa juste valeur ce petit effet esthétique... La jeune femme est mise dehors par ses parents et récupérée par notre pianiste tout jouasse qui reprend goût à la vie... Seulement voilà, comme il l'avait pressenti dans un cauchemar, le retour de son meilleur pote risque d'être funeste... Il le sera puisque son ami, de retour de voyage après deux ans d'absence, est immédiatement proche de la jeune femme - dont on sent immédiatement le trouble entre les deux hommes. On savoure franchement cette petite situation ambiguë à trois... Le film se relâche un peu, au niveau de l'esthétique, du jeu des acteurs (part trop statiques, par trop plat parfois) mais il reprend un peu de nerf quand on entame la seconde version. Oro a la bonne idée, dans chacune des versions, d'habiller la personne qui raconte l'histoire tout de blanc et le vis-à-vis en noir... Quand on raconte soi-même les faits, il y a forcément une capacité à se mettre en avant, à se faire plus beau qu'on est et à noircir les autres (la partie de jeu d'échecs que l'on retrouve dans les deux versions se prête joliment à cette variation entre noirs et blancs). L'histoire a forcément un nouvel éclairage et l'on ne sait plus trop s'il y a un quelconque ami à diaboliser... Oro sort les grandes orgues sur la fin pour donner à ce film très bien tenu dans l'ensemble un joli point (final) d'honneur. Belle œuvre au noir où le diable ne se loge finalement que dans les sentiments amoureux. Belle découverte, on dit merci Martin.

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