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14 juin 2020

Voici les Femmes du Printemps qui pleure (Nakinureta haru no onna yo) (1933) de Hiroshi Shimizu

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Encore une bien belle chose en provenance de la planète Shimizu avec ce petit film au titre français étrange (bon, le printemps a le droit de pleurer après tout). C'est un film tout en nuances, tout en émotions fugaces, plein d'empathie des uns envers les autres... L'on suit dans les mines d'Hokkaido (où l'hiver pleure pour le coup sa race) le destin de deux hommes à la coule. Ils bossent dans la mine et leur boss les prend un peu sous son aile : allez les gars, allons faire chez la mère Françoise-san, picoler et traquer la gorette. Kenji, l'un des deux hommes, est vite attirée par une jeune femme qu'il avait vue, en route, pleurant sur le bateau. L'attraction a l'air fatal, seulement voilà, la mère Françoise-san a aussi des vues sur le gars. Un match s'engage entre les deux femmes sous les yeux pétillants des autres entraîneuses... Qui va remporter le bout de Kenji ? Il y aura des amitiés, des sacrifices, des tragédies même, bref plein de sentiments exacerbés et un superbe final, histoire que cette petite chose ne finisse point en coup de grisou.

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Il s'agirait du premier film parlant de Shimizu qui use de la chose avec parcimonie ; il se permet ainsi quelques longues plages silencieuses qui amènent beaucoup d'émotion à cette œuvre : le défilé des mineurs, en file indienne, après l'écroulement de la mine, la sortie de cet homme mort sur le brancard, puis cette masse de gens qui veille ce corps, toujours en silence - surement l'un des moments les plus prenants du film, un climax comme on dit. Mais il y aura beaucoup d'autres scènes où l'on verra des "interventions" humaines absolument glorieuses : lorsque le boss intervient pour que Françoise laisse les deux jeunes tourtereaux en paix (il pourrait s'en foutre grave - d'autant qu'il a des vues sur la patronne - mais il la joue très sport envers son protégé) ; lorsque Kenji fait tout pour que Françoise s'occupe à nouveau de sa gamine qu'elle délaissait jusque-là volontiers : jolie séquence avec cette poupée qu'il lui remet dans les bras, tout un symbole de douceur et d'attention - là encore, un acte purement gratuit ; ou encore lorsque la mère Françoise finit par chercher, par tous les moyens, à protéger Kenji... et l'élue de son cœur - un sens du sacrifice tout à son honneur... Cette empathie passe semble-t-il de main en main, chacun ayant son petit quart d'heure d'humanisme. Quelques notes de musiques, quelques dialogues à demi-mot (les déclarations d'amour au Japon entre deux personnes aussi fébriles qu'un flocon de neige… seule la mère Françoise avec ses périphrases sait parfaitement comment mener les barques / hommes) mais surtout une grande attention aux gestes, à ces petits scènes qui n'ont l'air de rien mais qui apportent au film sa douceur et sa saveur (Françoise bordant pour la première fois, avec une grande attention, son enfant - tout est dit, tous les morceaux semblent recoller). Il y a des rixes, des pleurs, des sourires contrits mais un final (là encore, tout en tact - la descente d'escalier du couple ! popopoh, on entend le non-craquement des marches - ce qui demeure relativement étonnant en soi...) non point casablanquesque mais tout aussi touchant - un nouveau départ, une nouvelle histoire... Une oeuvre fébrile et minutieuse avec un titre en forme de piège pour toute dictée de Pivot. Hiroshi shi shi !

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