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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
6 juin 2020

Le Métis (The Half-Breed) d'Allan Dwan - 1916

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Un petit Dwan qui nous arrive de nulle part, puisqu'on le pensait perdu et qu'il nous parvient aujourd'hui dans une magnifique restauration qui lui rend tout son éclat. Bon, comme souvent dans ces cas-là, ce n'est pas un grand film, ceci dit avec tout le respect dû à ce bon Allan Dwan qu'on aime bien sur ce site. Mais tout de même, il y a dans ce western des origines une fraîcheur et une naïveté, alliées à une vision intelligente du racisme anti-Indiens de l'époque, qui justifient une vision. C'est l'imparable Douglas Fairbanks qui s'empare de ce rôle de sang-mêlé, avec un peu de mal ce coup-ci : étrangement calme, il campe un "Lo Dorman" sombre et triste, et le scénario ne lui confie pratiquement aucune scène d'action. Finies les gamabades et les triple saut-arrière, adieu les rires Colgate et les morceaux de bravoure à l'épée : le gars est ici tourmenté, et il a de quoi. Rejeté par un père blanc qu'il n'a pas connu, abandonné par sa mère auprès d'un brave petit vieux avant que celle-ci se suicide (dans un magnifique plan tout en solennité), il est soudain livré à lui-même après qu'une bande de soiffards lui spolie ses propriétés et occise le vieux. Il se réfugie dans le studio 34, autrement dit dans une forêt magnifique pleine d'arbres creux où il installe un palace. C'est alors que deux héroïnes s'éprennent de lui : une blonde pas bégueule mais un peu légère, et une brune amoureuse en secret. Il s'attire aussi une sévère haine de la part des blancs de la ville du coin, qui entament une chasse à l'homme et s'en trouveront quelque peu marris. Bon.

ff

Il y a de la qualité dans la réalisation, aucun doute. Dwan en est à son 200ème film (... une intégrale, Shang ?) et sait cadrer à merveille, diriger ses acteurs, rythmer un scénario même un peu fonctionnel. Il utilise ici à merveille ses décors, on a l'impression d'être dans une forêt enchantée, où Lo serait le maître : le type s'empare d'un sapin pour se propulser en haut des rochers, c'est parfait. Les deux actrices sont particulièrement savoureuses et leurs personnages sont étonnamment fouillés pour l'époque, surtout Alma Rubens, sauvage et fière et pleine d'abnégation, qui n'hésite pas à sortir son poignard dès que son intégrité est en jeu. Le film, en plus de sa réalisation soignée, est un plaidoyer en faveur de la réhabilitation des métis, et par extension des Indiens, et dénonce avec fougue les injustices dont ils sont victimes : Fairbanks a l'air tout triste devant les humiliations qu'on lui fait subir, et regarde avec commisération ses acolytes indiens boire comme des trous et foutre le feu à la forêt. Mais quelque chose manque à tout ça, un génie, un petit plus, un je ne sais quoi qui le ferait entrer dans la catégorie des grands films. Un petit truc sans façon, comme une friandise, mais qui ne va pas plus loin non plus.

32090-1

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