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6 juin 2020

Journal d'une Famille (Katei nikki) (1938) de Hiroshi Shimizu

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A la veille de la guerre, Shimizu se focalise sur... deux couples. C'est ce qu'on peut appeler une obsession que ces éternelles petites histoires de famille où les doutes mêmes sont le moteur d'une vie. A ma droite (et ce n'est pas un hasard), Ubukuta (Shin Saburi), scientifique respecté, marié à la pétillante Shinako (Sanae Takasugi) : Ubukuta, type conservateur s'il en est, aime que sa femme reste à sa maison, bien à sa place dans le foyer... A ma gauche, Tsuji (Ken Uehara, décidément de tous les combats), type plus ouvert, passionné de photo, marié à la "libre" Une (Michiko Kuwano), ancienne serveuse de bar... Ubukuta et Tsuji se recroisent à Tokyo, tentent de refaire ami-ami mais chacun doit faire face à de petits problèmes personnels. Pour Ubukuta, le problème prend les traits de Kikue (Kuniko Miyake), coiffeuse de son état, et ancienne amante de notre homme... Ubukuta n'a pas hésité à la quitter dans sa jeunesse car la famille de sa future femme était prête à financer ses études (bravo...) ; aujourd'hui, il aimerait bien enterrer son passé ainsi que cette liaison un peu légère... Il promet à Kikue un salon de coifure à Ginza échange de son silence... Un bel hypocrite sous ses allures austères et sage. Tsuji, lui, a quelque peu de mal à assumer complétement cette femme moderne (elle fume, diable !) et son passé un peu olé olé (serveuse, fusil !)... Le père de Tsuji, avec lequel il est fâché depuis des années, aimerait bien reprendre contact avec lui pour faire la connaissance de son petit-fils ; seulement voilà, il aimerait que son fils quitte cette femme irrespectable à ses yeux... Ubukuta est tendu comme un slip par rapport à sa femme (qu'on enterre le passé une bonne fois pour toute) ; quant à Ume est de plus en plus mal à l'aise par rapport à son mari et surtout par rapport à sa famille. Difficile pour les deux de faire face à ce retour de bâton.

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Un bien joli casting pour ce petit film de Shimizu qui prend du galon au fur et à mesure - après un départ un peu mou, les différentes femmes qui tentent de sortir du rôle où on voudrait les enterrer vont sacrément donner du caractère et du piquant à cette œuvre. Il y a tout d'abord la femme de Ubukuta qui, sous l'influence de Ume, commence peu à peu à sortir de son cocon ; elle n'a certes pas fait le plus dur, mais elle s'émancipe un brin ; il y a Kikue (et sa petite soeur qui n'a pas sa langue dans sa poche) qui essaie de trouver un second souffle (surtout professionnel) après la claque qu'elle a reçue quand Ubukuta l'a quittée ; à défaut de le reprendre comme amant, elle peut accéder à encore plus d'indépendance avec ce salon qu'il lui offre sur un plateau ; enfin, il y a Ume, qui doit faire face sur tous les fronts : si elle sent que son mari lui reproche son passé, aimerait avoir une femme "plus rangée", son vrai combat va se jouer face à son beau-père : un tête-à-tête terrible (les travellings-avant sur ces deux êtres qui se regardent en chien faïence donnent encore plus de relief à cette joute de regards) dont ne pourra sortir qu’un vainqueur... Bien qu'elle soit dans ses droits (son beau-père veut avoir la garde de leur gosse), notre pauvre Ume a bien du mal à faire face à cet ancien irascible ; elle sortira de ce combat exsangue, désespérée... Le combat féminin n'est pas gagné d'avance mais les femmes, on le sent, gagnent en confiance, à l'image de cette jolie séquence où notre quatuor, telles des papillons, se retrouvent autour d'un pharmacien propriétaire d'un immeuble ; Kikue (et sa soeur extravertie) veut voir son futur salon au deuxième étage, Ume aimerait avoir le troisième pour que son mari ouvre un atelier de photos - et Shinako, timidement, est de la partie auprès de ses femmes qui lui transmettent leur énergie ; des papillons qui sont prêts à prendre leur vol et à prendre leur destin en main... des papillons qui certes souffriront (en particulier l'une d'entre elle, avec ce "final en hôpital" digne d'un Borzage) mais dont la volonté et la pugnacité finiront tout de même par être reconnues. Belle montée en gamme. 

 

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