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16 mai 2020

LIVRE : Women de Charles Bukowski - 1978

9782246261629, 0-898533Pas de parution de Bukowski prévue dans les prochains mois ? Qu'à cela ne tienne, relisons nos classiques, en l'occurrence ce roman culte qui marqua en son temps mes nuits les plus turpides. Quelques années plus tard, la satisfaction est là : Women n'a pas trop vieilli, n'a pas trop été victime de la vague de romans provocateurs et sexués qui lui ont succédé, et garde l'essentiel de son pouvoir. Buk reste un indécrottable rebelle, qui se fout comme de son premier caleçon sale de la grammaire, de la construction, du beau style ou de la postérité. Il nous offre donc son roman le plus ardu, constitué d'un catalogue infini de femmes qu'il a (ou aurait) passées par son redoutable dard. En général, ça se passe comme ça : une femme (évidemment somptueuse, de 30 ans de moins que lui et peu farouche) lui tombe dessus lors d'une soirée de lecture, elle fond littéralement devant le charisme du sieur, ils boivent comme des trous, il la culbute, et elle s'en va, désespérée de son peu d'amour et sûrement nostalgique toute sa vie d'avoir croisé un tel étalon. Buk répète à l'envi cette configuration, ne se lassant jamais de revenir toujours sur les mêmes motifs (bibine et "cunts", en gros), et même si de temps en temps, tout de même, il y a quelques accrocs au tableau (le gars est parfois trop bourré pour bander, quelques gourgandines reviennent le voir pour péter sa voiture ou balancer son mobilier par la fenêtre), on peut dire qu'il s'amuse beaucoup à s'imaginer en figure fatale pour ces jeunes filles. Il a beau prétendre que tout est vrai dans ses livres (ou "presque"), il a du mal à nous duper : son portrait de la condition féminine est tellement simpliste, tellement machiste, tellement basique, qu'on se dit que Women se déroule exclusivement dans son cerveau obsédé et a peu de choses à voir avec la réalité. Le monde serait rempli de nanas de 18 ans rêvant de s'envoyer Bukowski, bon, allez, si il veut. Si ça peut nous donner des bouquins aussi marrants, on peut même lui accorder tout ce qu'il veut.

Le livre est de fait très répétitif, souvent redondant, étant en effet construit sur un effet de "toujours le même" qui peut lasser à force. On a du mal, au bout de ces 300 pages à distinguer l'une de l'autre ces dizaines de femmes qui s'enchainent dans le lit du bougre. Mais ce qui se passe dans les moments entre ces femmes est souvent délicieux : émouvant, quand Buk se laisse aller (à de rares moments) à son désespoir total, à sa vision complètement désabusée des hommes, à une autocritique masochiste (qui peut passer pour de la geignardise aussi, pas de problème, il veut bien qu'on le taxe de tout ce qu'on veut) ; poilant quand il raconte les scènes dantesques que lui font ces furies alcooliques, ou quand il dresse en trois mots le portrait d'un autre écrivain (Ginsberg et Hemingway en prennent pour leur grade) ; troublant quand il se dépeint en homme solitaire et cruel, uniquement préoccupé par la boisson et le sexe, indifférent finalement aux femmes, aux hommes, aux chiens et aux coccinelles. Mélange d'émotions contradictoire, qui fait qu'on lit ce bouquin d'une traite, entre hilarité et consternation, entre admiration et perplexité, fasciné par le rythme, l'humour et l'acidité de la chose, révulsé par la vision des femmes et le masochisme, mais toujours secoué à bon escient : c'est l'effet Bukowski.

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