Billy the Kid Returns de Joseph Kane - 1938
On n'avait pas encore abordé la catégorie "western pour enfants" sur ce blog (si tant est que le genre soit destiné à un autre public en général). C'est chose faite avec ce film de cow-boys facétieux, de pistolets qui font poum-poum et font tomber les chapeaux, de chevaux astucieux, de fidèles compagnons qui rient en se pliant en deux à l'envers et de méchants mal rasés. Dans le rôle-titre et dans le sien : Roy Rogers, le cow-boy chantant, aussi dangereux qu'une petite biche mais as de la gâchette, qui a le malheur de ressembler au hors-la-loi ultime : Billy The Kid donc. Celui-ci se fait tuer, c'est trop bête, par Pat Garrett, mais pour des raisons politiques, on décide de faire passer Roy pour le bandit afin de maintenir la paix entre éleveurs et colons. Et voilà notre héros qui parcourt le pays, punit les méchants et honore les belles, le tout accompagné par de bêlantes ritournelles judéo-chrétiennes à faire jouir Frigide Barjot. C'est bien simple : le gars pousse la chansonnette à chaque occasion : quand il est amoureux, quand il se promène sur son fougueux cheval, quand il est à deux doigts de se faire lyncher par une populace hostile, quand il doit s'évader... le gars prend toujours le temps de se poser, de se composer le sourire extatique de rigueur et d'y aller de ses "Ooooh, rollin'cow-booooooy on the prairiiiiiie", au grand bonheur des dames et des gentils qui l'entourent, au grand dam des méchants et des spectateurs. Quand ce n'est pas lui, c'est le second rôle de service (Smiley Burnette, tout un poème ce nom) qui prend la relève, lui plutôt dans un registre comique et léger quand Roy envoie du phéromone par poignées.
Tout ça est assez consternant, comme vous pouvez vous en douter. Le plus grand danger qu'on puisse trouver là-dedans, mis à part le fort joli plongeon à cheval de Rogers dans un lac (un équidé mort), c'est une foulure du poignet en jouant du trombone à coulisses. Kane avait à sa disposition une petite idée amusante (le sosie de Billy the Kid qui continue à faire peur à tout le monde), mais il semble s'en préoccuper comme de sa première chemise. Il occupe donc notre esprit pendant la petite heure qui précède le grand film, peinant quand même à maintenir notre vigilance bien longtemps, tant tout ça est pataud, lourd, pas drôle, jamais tendu, et ennuyeux au possible. Même les événements qui jalonnent le film durent environ 5 secondes ("Billy, tu m'as trahi... ah non, pardon"), il faut bien laisser de la place aux numéros de cabaret poussifs de ces clowns en mousse.
Go old west, here