Parents, réveillez-vous ! (Chichi yo haha yo!) (1980) de Keisuke Kinoshita
Keisuke Kinoshita, se rêvant roi de l'analyse des traumatismes, se pique d'un petit film sur la délinquance juvénile et nous livre sans doute l'une de ses œuvres les plus faibles, les plus décousues. Le principe de base est simple : aller voir ces gamins qui, ado, fréquentent les boites, fument bordel, commettent des actes délictueux puis pousser l'enquête pour voir s'il n'y aurait pas derrière une responsabilité des parents. Notre Keisuke se dit que c'est une bonne occase pour voir une nouvelle fois du pays eheh. Le problème, c'est que du coup, cela relève plus du film à sketches (tristes) ce qui n'est jamais bon signe... Après un constat un peu alarmant sur ces bandes de jeunes qui roulent comme des guedins, le soir, sur leur mob, zigzaguant sur la route, sur ces gamins qui font l'école buissonnières, sur ces gamines qui ont des rapports sexuels un peu précoces, le journaliste envoyé par notre cher réalisateur sur le terrain pour enquêter prend le taureau par les cornes : ok, cet enfant déconne, mais que font les parents ? Et c'est parti pour un petit tour d'horizon des familles : deux cas, grosso modo, les familles pauvres et les familles aisées. Dans les premières, il est question d'alcoolisme, de violence, d'absence, de démissions... Dans les secondes il est question d'enfants pourris gâtés, de violence et de laisser-aller. Bref, comme le dit ce directeur de maison de redressement juvénile (Tomisaburô Wakayama, le héros de baby-cart, qui s'y connaît en éducation parallèle) : derrière le problème d'un gamin, il y a un problème chez les parents ; lui, il connaît chacun de ses gamins, il est prêt à tous les défendre même quand ils font des conneries. Voilà.
On avait un peu peur au départ que Kinoshita nous face son vieux con devant cette jeunesse décadente mais, en fait, il charge les parents, justice est faite. On a droit cela dit à une belle brochette de parents ou de beaux-parents un peu border line : le beau-père qui picole jour et nuit et qui a plus de poches sous les yeux que Renaud, le pater qui se rend dans la chambre de son gosse un couteau à la main pour le trucider, celui qui l'attache à un arbre la nuit dans un cimetière pour qu'il réfléchisse à ses conneries, celui qui fracasse sa femme devant ses gosses parce que merde... On comprend pourquoi le gamin veut fuir de chez lui et "fuir de lui-même" : il n'a pas eu devant lui les plus belles références du genre humain. Mais les familles dans le besoin n’ont pas le monopole du gosse chiant ! Comme le dit le sage Wakayama, la nourriture, c'est pour le corps, l'amour pour l'esprit. Trop de nourriture nuit, tout comme trop d'amour - ces mères dévouées qui passent tout à leur gamin (pendant que les pères bossent et s'en branlent) détruisent tout autant ces pauvres gamins. Qui deviennent en effet de vrais chieurs un rien colériques. Merci pour la leçon... Une œuvre qui part certes d'un bon sentiment mais qui accumulent les faits divers, les historiettes, voire parfois les clichés, en entassant cas sur cas, sans lien, comme une pile de dossiers qu'on poserait négligemment sur la table. On filme nos jeunes et nos parents parfois face caméra, pour faire genre reportage, mais tout finit par sonner un peu faux... On sent que parfois Kinoshita, sur un cas particulier, a la matière pour faire un court ou un moyen métrage ; malheureusement il a voulu multiplier les cas (pour faire semblant de faire le tour de la question) plutôt que de tisser plus finement un récit. Au final, c'est long, un peu brouillon et la démonstration trop lourdaude. Un miracle que je ne me sois pas endormi... Voilà pour l’odyssée kinoshita… en attendant que trois de ses œuvres soient enfin sous-titrés… A suivre, so.