Mon Arbre de Raymond Depardon & Claudine Nougaret - 2019
C'est sur les petites routes de France qu'on s'attend à retrouver désormais le bon Raymond Depardon. Le voici de nouveau attiré par le vert, cette fois-ci par nos frères les arbres qu'il va filmer nonchalamment et un peu au fil de la plume dans les villages du sud. 7 ou 8 arbres, donc, particulièrement jolis, filmés assez rapidement avant de donner la parole à ceux qui les côtoient, scientifiques, pros de la nature ou simples amoureux. C'est tout petit, fait sans vraiment de plan et sans vraiment de but, juste une ballade pour mieux connaître cette nature qui nous entoure, et pour nous faire écouter les mots poétiques de ces quidams. Ma préférence bien entendu au bon sens du brave paysan lozérien, très dubitatif quant à la sensibilité de son noyer, plus préoccupé par son rapport qualité/prix, mais finalement très respectueux de cette présence silencieuse à ses côtés : Depardon ajoute au tableau un minuscule troupeau de vaches passant près de l'arbre, tableau pastoral idyllique et expression toute crue de l'apaisement silencieux des campagnes. On retrouve également avec plaisir la parole de Francis Hallé, THE boss of trees, qui insiste pour le coup sur la grande sensibilité des arbres, sur le peu de considération qu'ils ont eue depuis toujours, son enthousiasme est communicatif. Et belle envolée lyrique également de ce guide de nature à Lodève, qui parle de "la mer qu'il y a dans chaque arbre" et avoue son inadaptation au monde qui a grandi en parallèle avec son amour des arbres. Le choix de cadres est souvent étonnant, Depardon occultant toujours l'arbre en lui-même du champ pour préférer filmer la personne qui parle dans son rapport avec lui (les yeux levés, le sourire aux lèvres). Mais ce court-métrage reste dans la simplicité d'exécution, et on en sait gré au cinéaste, de plus en plus effacé devant la grandeur de la nature.
