Parade (1974) de Jacques Tati
On est bien d'accord que ce dernier Tati est très loin de ses chefs-d’œuvre : ce n'est jamais qu'un spectacle de cirque filmé pour la téloche, avec tout de même quelques numéros de mime du sieur et quelques cabrioles "classiques" (jonglage, dressage...). On est dans une ambiance très seventies avec public bigarré et cheveux longs ; on sent que ce public (suédois) s'est mis sur son trente-et-un pour assister à ce spectacle bon enfant et à ces tours de piste du maître. Le spectacle est finalement presque autant dans la salle que sur scène où quelques numéros vont se succéder. Commençons par le meilleur : Tati a 67 ans mais il a encore la classe des grands soirs (m'a fait penser à ce petit numéro de danse de Fred Astaire aux Oscars, un lien envoyé récemment par un de nos fidèles commentateurs : un con restera toujours un con mais un type stylé restera toujours un type stylé) ; sans être aussi bon public que ce bon public suédois, j'avoue que le Tati m'a encore titillé le coin des lèvres avec ses petits numéros sportifs de gardien de but, de boxeur ou de joueur de tennis (on le verra aussi en pêcheur, en gendarme et en danseur mais avec moins de brio comique) : Tati, c'est un corps, un air et des mains ; il est super fort avec ses mains, et l'ami Gols devrait être aux anges, lui qui ne regarde que les mains des acteurs (ce qui lui fait perdre souvent le fil de l'histoire, vous inquiétez pas, c'est normal) ; Tati est franchement craquant quand il nous fait le coup du joueur de tennis au ralenti, qu'il imite son grand père en 1900 - toujours sur un court de tennis - ou que, boxeur, il se tient aux cordes ; il y a la souplesse de ce corps, ce sens terrible du rythme et ces grandes mains capables de toujours exécuter le petit geste qu'il faut ; il n'y a rien de plus niais qu'un mime, exception faite de Tati.
Sinon, il faut aussi se taper des acrobaties (sur cheval d'arçon, ma bête noire), un trio de jongleurs (doués, je dis pas, mais enfin bon, ils jonglent quoi...), un cheval et âne qui refusent de prendre des passagers (ohohoho !) ou encore des numéros musicaux à rallonge. Mouais. Il y a, aussi, toujours, ce sens du micro-gag mis en scène dans le public ou parmi les saltimbanques ; bon, ça part d'une bonne intention, mais c'est pas franchement hilarant... Un dernier tour de piste filmique pour le grand Jacques, un tour de piste sous les applaudissements du public mérités, et qui vaut encore pour quelques facéties mimétiques du Dieu Hulot. Voilà, c'est un peu maigre, mais on ne va pas accabler ici celui qui fut l'oncle de tout un peuple eheh... Et cela clôt l’odyssée de Tati réal que je vais me faire un plaisir de concocter dans la foulée.