Itoka, le Monstre des Galaxies (Uchû daikaijû Girara) (1967) de Kazui Nihonmatsu
Voilà ce qu'on est en droit de considérer comme un chef-d'oeuvre de la sa SF de série Z nippone. Un vrai nanar, quoi. Mais soigné... Le titre français est relativement flatteur puisque le monstre s'appelle Guilala dans la version originale et qu'il a un physique en adéquation avec le ridicule de son nom : moitié poulet, moitié samouraï, on croirait un truc imbouffable sorti tout droit de KFC. On voit bien dans quels pas aimerait marcher ce monstre : ceux bien sûr, de Godzilla... A peine cette petite « loupiotte » (un monstre en forme de bougie ronde qui se colle sur les vaisseaux interstellaires qui font route entre la Lune et Mars...), est ramenée sur Terre qu'elle s'échappe, grandit et dévaste tout sur son passage : coulée de boue, tanks balancés comme des quilles, fils électriques écrabouillés comme des spaghettis... On connaît l'original... La seule solution pour le détruire, lui balancer du guilalanium (heureusement, on en trouve sur la lune) lors d'une ultime attaque d'avions là encore toute godzillesque. Bien.
Il est plutôt recommandé devant un tel navet d'aimer les maquettes : de ce point de vue-là, régalade : la base de lancement de la fusée (avec de micro-voitures pour faire plus vrai !), les trois milles bâtiments et pylônes détruits par Guilili, etc... c'est franchement du bel ouvrage. Dommage que le monstre avec ses antennes de Télétubby et ses entrechats quand il court ait l'air aussi con. Oui dommage. Pourquoi essayer de soigner avec autant de précision des décors urbains pour les faire détruire par un poulet géant ? Franchement. Heureusement (au secours…) Nihonmatsu nous trame en parallèle une romance pas piquée des hannetons : la blondasse européenne spécialiste en biologie (et affreusement mal doublée) et la petite gorette nipponne qui s'occupe du standard sur la lune sont toutes deux amoureuses du taiseux Capitaine Sano. Elles se toisent, font semblant de s'apprécier et de se sourire mais on sent au fond d'elles-mêmes qu'une terrible jalousie les ronge. Pas facile en plus d'exprimer ces sentiments dans l'espace alors même que des radiations terribles perturbent les voyages ou sur terre quand un monstre broie tout ce qu'il trouve sur son passage… A la fin, tintintin… pas plus de surprise pour l'issue de bagarre (Guilili vaincu par le guilalanium qui lui donne une allures de poulet sortant d'un bain moussant) que pour l'issue de la romance : Sano prend la main de la chtite nipponne et s'enfonce dans un halo orange de coucher de soleil en direction du Mont Fuji. Le calme est revenu, le poulet est plumé. Un film de SF pour ceux qui aiment les petits pinceaux fins et les collages de précision. Sinon, un film qui sent méchamment la chapelure...