The Great Chase (1962) de Saul Turell

Saul Turell nous propose un petit best of des courses-poursuites dans le cinoche (black and  white et muet, on est entre esthètes) en partant, of course, du Vol du grand Rapide jusqu'aux comédies de Mack Sennet ; même s'il est question d'incontournables, Douglas Fairbanks Sr (notamment dans Le Signe de Zorro),  des exploits du cow-boy William S. Hart (dans son ultime film Le Fils de la Prairie), d'œuvres de Griffith (A travers l'Orage et l'incroyable course contre la montre sur des morceaux de glace entrainés vers une cascade ; The Girl and her Trust et ses séquences incroyables sur rails), le gros morceau est constitué par Le Mécano de la Général de l'immortel Buster Keaton : pas moins de 24 minutes d'extraits (sur 80 minutes), autant dire que Turell joue sur de velours. Buster et ses cascades au micron, Buster dont les maladresses même finissent par avoir une issue heureuse : homme décisif dans la guerre de Secession, amant éconduit qui reconquit sa belle, Keaton (et ses cheveux en bataille) est dans cette œuvre à tous les postes pour gérer l'aspect comique et l'action « totale ». Certes, on a beau connaître la chose par cœur, on prend toujours un grand plaisir à suivre ce film-locomotive toujours en mouvement. Turell, tout de même, prend la peine d'exhumer également de l'oubli quelques extraits de séries qui ont fait les beaux jours des gosses, le samedi aprèm, aux débuts du siècle dernier (de 1914 à 1940) avec, des courses-poursuites de dingues et toujours, en fin d'épisode, des cliffhangers de folie. A noter également dans cette petite compile trépidante, la présence de films de Cecil B. Demille ou encore de cet anxiogène Jungle Treasure (!) où les bêtes sauvages (crocodiles, boa, piranhas...) sont à pieds-d’œuvre pour bouffer un blanc à la recherche d'un papillon... A pied (Douglas et ses magnifiques sauts de cabri), à cheval (Hart qui fouette son cheval comme un damné pour griller tout le monde dans cette ruée vers l’or), en voiture (Simone), en train (Buster tchou tchou Keaton), une petite sélection qui passe comme une tornade et qui donne bien entendu l'envie de se repencher sur deux-trois œuvres qui ont porté la thématique au summum de son art. Une œuvre de détente et d’Entertainment à, forcément, purchaser en ces temps immobiles.

The Criterion Collection