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3 mars 2020

Testaments de Femmes (Jokyô) (1960) de Kon Ichikawa, Yasuzô Masumura & Kôzaburô Yoshimura

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Un titre français plutôt obscur alors même qu'il s'agit là d'histoire de femmes fortes, malines et... un peu vénales (mais avec tout de même, éventuellement un petit cœur). La première histoire est signée Masumura et suit la délicieuse Ayako Wakao. Celle-ci vole de club en club, vogue d'homme en homme jusqu'à vouloir mettre le grappin sur un « fils de ». Séduisante, toujours suffisamment rusée pour laisser les hommes en plan (après avoir empoché l'argent), elle n'est pas aussi bête, dans sa gestion, qu'un footballeur : tout son argent elle le place dans des actions et se prépare un joli petit coussin pour l'avenir quand elle décidera d'arrêter sa vie d'abeille. Un fils de (un industriel richissime) fera bien mine d'être amoureux d'elle pour consommer cette proie si difficile à saisir mais le piège finira par se retourner contre lui : Ayako est une fine mouche et ne se rangera pas avant d'avoir suffisamment engrangé - pas forcément moral mais un joli petit pied de nez tout de même par rapport à l'assurance des hommes (le pouvoir, l'argent, ne suffit pas pour "posséder" une femme, vulgaires messieurs). Bien, bien. Ensuite, le tour à Ichikawa qui nous emmène dans un décor beaucoup plus nu et quasiment en huis-clos. L'histoire est celle d'une jeune femme (employée par une agence immobilière) qui va séduire un jeune écrivain qui s'est mis au vert. Jouer la femme éplorée, séduire, apitoyer l’homme sur son sort et lui faire acheter la baraque dont elle risque, dit-elle, de se faire éjecter au prix fort. C'est la troublante Fujiko Yamamoto qui est en charge de faire tomber l'écrivain et de lui faire cracher l'argent... Seulement voilà, à force de jouer les séductrices, on n'est jamais à l'abri d'être séduite - le petit cœur qui bat, surtout, c'est elle. Enfin, Yoshimura conte une histoire contenant également un retournement de situation.  Machiko Kyô est une forte femme qui a su rebondir après la mort de son mari ; elle se fait entretenir par son beau-père (ouais, petits arrangements avec le père du mort) et gère un hôtel ; elle mène son business sans affect, sans pitié. Quand un gamin se fait écraser en sortant de son hôtel, elle n'a qu'une envie, s'en débarrasser ; quand sa petite sœur lui demande de la thune pour se marier, elle l'envoie paître... Il lui faudra vivre une petite expérience traumatisante avec son ex amoureux pour qu'elle arrête enfin de vivre dans ses fantasmes, dans sa bulle : elle revient à la réalité et dans le même temps à la générosité. Une véritable rédemption chez cette femme qui à force de vouloir tout maîtriser avait flingué son empathie.

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Un premier récit très vivant, très animé dans ce Japon des sixties. Wakao incarne à la perfection cette jeune femme superficielle, menteuse, manipulatrice, qui sait tirer le meilleur parti des hommes : leur argent... Les hommes veulent profiter de sa jeunesse, de sa beauté, de ses fesses, elle ne fait qu'exciter leur désir pour profiter d’eux à son tour. Masumura signe la partie la plus rythmée, la plus moderne, emportée par une héroïne qui cache derrière son sourire un petit cerveau qui bat. On est résolument plus dans l'épure avec Ichikawa, ce qui convient parfaitement à cette histoire d'amour "littéraire" ; le romancier tombe amoureux d'une "image" de femme (il la croise "par hasard" comme s'il s'agissait d'un fantôme qui venait hanter sa vie même) avant de craquer devant la réserve feinte de la classieuse Fujiko Yamamoto. Récit là encore de manipulation mais qui se termine avec une petite pointe de romantisme bienvenue. La dernière histoire prend un peu plus de temps pour se mettre en place ; Yoshimura multiplie les personnages et on tâtonne avant de saisir tous les enjeux de l'histoire ; une fois qu'on a fini par cerner cette froide et distante Machiko Kyô, on se rend compte qu'elle a tout de même quelques fêlures ; lorsque son ancien amant tente d'abuser d'elle, sa carapace se mettra enfin à craquer pour faire apparaître chez elle son vrai visage, son vrai cœur. Trois portraits de femmes qui prennent joliment leur destin en main et qui assument jusqu'au bout leur choix, leur force - et même leur faiblesse. Beau trio de cinéastes avec chacun leur style.

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