Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 mars 2020

Le Sang de la Terre (Tap Roots) de George Marshall - 1948

taproots2

La loi du western est dure, mais c'est la loi, et George Marshall, décidément bien inégal dans son abord du genre, se cogne cette fois-ci les dents contre les exigences de la chose. Le compère voudrait bien réaliser son Gone with the wind à lui, un truc à la fois glamour et politique, vaste et intime, plein d'action et intelligent. Mais il est trop petit-bras pour ça : à chaque instant de Tap Roots, on sent le poids des concessions qu'il a dû faire par rapport à son modèle, acteurs moins bons, scénario bancal, postes techniques tâtonnants, et malgré l'ambition, le film retombe comme un soufflé. Pourtant bien courageux, Marshall s'attaque au douloureux problème de la guerre de Sécession, au moment de l'élection de Lincoln à la tête du pays divisé. Le Sud s'apprête à faire sécession, mais un petit état, la Vallée du Liban, géré d'une main ferme et autocratique par la famille Dabney, décide, lui de rester neutre, voire légèrement insoumis. Ça ne va pas sans heurt, et la famille va devoir lutter contre l'armée sudiste, dans un combat épique. Cette lutte est symbolisée par deux hommes, amoureux malheureusement de la même femme : d'un côté Mc Ivor, le gendre idéal, qui a choisi la voie officielle et vacille quelque peu dans ses promesses de marier Morna (Susan Hayward), pourtant raide dingue ; de l'autre le renégat mais redoutable Keith Alexander (Van Heflin), le Clark Gable du moment, qui lui choisit la révolte et la sincérité par rapport à Morna. Entre les deux, le coeur de la belle balance, mais quand, seul ou presque contre tous, Keith va organiser la bataille contre l'armée, elle finira par se convaincre de la pureté de coeur du garçon, et ira jusqu'à se sacrifier, elle, son corps et sa réputation, pour éviter le massacre.

taproots1

Sacrifices humains, jalousies masculines, malentendus moraux, fierté sudiste, coups de sabot de cheval dans la gueule, on a sur le papier tout pour une grande fresque pleine de bruit et de fureur, de sentiments contrariés et de coups de poignard dans le dos. D'autant qu'on voit aussi dans ce western Boris Karloff en peau rouge (je n'ai jamais vu cet acteur sans au moins 3 centimètres de maquillage sur la tronche), et que c'est toujours bon à prendre. Mais tout est terne, bâclé, mal fagoté dans ce western du dimanche fabriqué au rabais. On doit attendre 75 minutes pour avoir droit à un peu d'action (la fameuse bataille entre l'état et l'armée), et quand elle arrive, malgré un montage assez dynamique, elle ne donne que des scènes sans panache, où les figurants tombent dans une indifférence quasi-générale. Il faut dire que les personnages n'ayant jamais eu l'occasion d'exister réellement, engoncés qu'ils sont dans leur schématisme et dépassés par un scénario trop théorique, on se cogne un peu de leur trépas ou de leur survie. Seule subsiste un peu Morna, personnage sacrificiel dans un monde d'hommes, à la fois intouchable par son statut de femme au milieu de la guerre et première victime de celle-ci. Elle seule a un peu d'épaisseur, et elle seule parvient à tirer son épingle du jeu, grâce à l'interprétation pleine de fraîcheur de Hayward (pas très crédible cependant dans sa période "je suis une infirme qui ne marchera plus jamais"). A part ça, c'est poussif, Van Hesling est nul, et le film se perd dans des dialogues interminables sur la fierté d'appartenir à un état ou les tactiques de guerre de l'armée. Même Boris est à la peine là-dedans, et est obligé de multiplier ses poses de danseur (qu'il sait prendre, le bougre) pour donner un sens à ses scènes. On s'ennuie pas mal devant ce film qui ne sait pas s'il doit jouer la carte du mélodrame ou du western, de l'action ou de la politique, et on attend que ça se passe, tous les aspects techniques (photo, cadre, musique, ...) ne suffisant pas à attraper notre attention. Suivant.

unnamed

Go old west, here

Commentaires
Derniers commentaires
Cycles
Ecrivains