Lost Home Movies of nazi Germany (2019) de Nick Watts & Martin Davidson
Vous l'aurez compris, on n'est pas franchement dans le Home Movie "mdr" : si dès les premières images filmées par Eva Braun, on découvre un Adolf décontracté (pas l'air rassurée totalement la gamine - elle a du nez), ce montage d'images et d'extraits de journaux intimes d'époque illustrera quelques instants des plus sombres de notre Histoire contemporaine ; découpé en deux parties justement nommées (Hubris et Némesis), ce "film" dépeint tout d'abord la période 39-42, l'époque où les Allemands pensaient que le Reich durerait des millénaires, puis 42-45, l'époque où les Allemands prenaient conscience qu'il faudrait sans doute revoir à la baisse leur prévision. Scènes de la vie quotidienne outre-Rhin pendant la guerre (des camps de scouts où Adolf a remplacé Jésus dans les paroles des chansons à ce bien joli Noël où ce bambin joue au petit train - sans forcément savoir, hein, le pauvre) mais aussi illustrations de faits dont l'on ne parle pas forcément dans les livres d'histoire : ainsi quand on voit ces Allemands partir sur le chemin de la guerre, en direction de la France, à pied ou en voiture à cheval (une Blitzkrieg qui prend plutôt des allures de petite balade un dimanche à la campagne) ou quand on voit ces images toujours aussi horrifiques d'exécution systématiques de Juifs de l'Est (par balles ou par pendaison) - bien avant les camps de la mort, le génocide, aux yeux de tous, avait sauvagement commencé. Des Allemands la fleur au fusil le plus souvent goguenards qui vont, en route vers Moscou, jusqu'à se faire lire les lignes de la main par des gitans bienveillants (on se demande d'ailleurs ce que la vieille a pu lui raconter : oui, oui vous allez gagner, fit-elle en riant sous voile). Bref des images volées, hors de toute propagande, qui permettent de voir que pour certains la vie quotidienne se déroulait sans superflu de stress. Et puis vint Stalingrad et le début de la déroute : les bombardements de Hambourg puis de Dresde sont à leur tour tout autant infernaux ; à voir ces Allemands sur le chemin de l'exil on constate que le vent a tourné. La déroute n'est pas loin (ces Allemands qui continuent d'envoyer des obus en rase campagne alors qu'ils sont sur le point d'être massacrés - indécrottables) ; viendra le temps des découvertes des camps de la mort et avec lui la volonté des Alliés de montrer aux citoyens allemands l'arrière-cour de la politique du Führer. Un juste retour des choses pour tenter de traumatiser pour des millénaires cette population aveugle qui a porté au sommet des malades mentaux (cela n'a pas suffi pour éliminer tous les camps de scouts mais passons, ne nous braquons point sur la guitare sèche). Tout au long des deux épisodes, on voit également cette population juive victime de moquerie crasse (cet effrayant carnaval), humiliée (de l'interdiction de tout animal domestique à la confiscation de leurs chaussures - remplacées par des sabots taille 58 ; la bêtise obscène) avant d'être déportée avec leurs bambins babillants (on a beau le savoir, ces images sont toujours fracassantes). Des images historiques comme on dit qui permettent, selon la formule consacrée, de voir les choses sous un autre angle, plus intime, plus humainement affreuse. Le devoir de mémoire de fin d'année de la BBC.