Perdrix (2019) de Erwan Le Duc
On attaque les petits films français bon enfant de l'année. Ce Perdrix ne ferait pas de mal à une pintade, jouant gentiment sur un petit côté romantico-décalé assez rafraichissant même si on peine à étancher complétement sa soif au long cours. Au début rien que de très banal : une jeune femme gare sa bagnole, et s’assoit sur au bord de la route pour tenir son journal intime ; une femme à poil sort alors de la forêt et lui vole sa bagnole – qui contient toutes ses affaires, dont ses carnets qu'elle écrit depuis depuis... Elle se rend dans le commissariat le plus proche et tombe forcément sur une équipe de branleurs complets (du banal, disais-je). Elle y croise cependant le regard du capitaine, qu'elle ne laisse point totalement indifférent. Le soir, elle s'invite chez lui et c'est parti pour une petite histoire aux dialogues piquants, aux situations burlesques et aux personnages un tantinet azimuté. Y’a de la romance dans l’air.
C'est assez distrayant dans le ton, on se surprend même à rigoler plusieurs fois (la leçon sur les vers de terre et l'engueulade que se prennent ces petits cons d'élèves ; les coups de gueule de notre gendarme ; le tour de table des collègues flics évoquant les faiblesses de leur capitaine). La jeune femme (Maud Wyler, pas de lien de parenté a priori) est franchement sauvage, le gendarme (Swann Arlaud, qui a par définition des bons côtés) est un poil passif et timide ; heureusement il se soigne et ces deux-là, au coin d'un bois ou sur la piste d'une boîte, devraient bien finir, vu la loi des contraires, par s'attirer. Autour d'eux quelques seconds rôles de choix (Fanny Ardant toujours aussi charmeuse - elle n'a en rien vieilli, sa voix ; Nicolas Maury, un habitué de Yann Gonzalez, spécialiste des vers de terre, qui peine justement à y trouver sa place) pour donner une patine un peu absurde et déjantée à cette œuvre où les personnages ne se font pas de cadeau – ça vanne dur. On aime ces atmosphères hors des sentiers battus et ces paroles échangées qui se prennent rarement au sérieux... On accuse tout de même un petit coup de mou en route (on tourne un peu en rond, les rebondissements n'étant pas vraiment légion) avant que nos deux tourtereaux finissent par aller jusqu'au bout de leur escapade… C'était attendu. Au final une œuvre qui assume pleinement sa légèreté (comique et sentimentale) mais qui peine un peu à s'envoler plus haut que ces petites situations rigolotes. Une Perdrix qui reste prometteuse pour un premier long, en attendant le vol plus majestueux d'un grand-duc pour un second ? Let's hope, folks.