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Shangols
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11 décembre 2019

Ad Astra (2019) de James Gray

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Il y aura toujours quelque chose de sombre et beau dans les films de Gray, une sensation apaisante malgré le drame sous-jacent. Pitt, alone, séparé, quitte sa base, pour rejoindre aux confins de l'univers son père. Il est certes ici question de fin du monde, d'obstacles multiples (les pirates lunaires (d'éternels accapareurs de ressources), un singe sanguinaire (la revanche en quelque sorte des bêtes contre l'homme) - autant de symboles auxquels on peut prêter plus ou moins attention) mais là n'est pas l'essentiel. Si le père de Pitt, Tommy Lee Jones (218 ans), pourrait prendre des allures de Kurtz cosmique, pourrait personnifier le dernier des rêveurs anarchiques et violents, il est et demeure aux yeux de Pitt son père, celui qui est parti, celui qui l'a abandonné, celui qui l'a plongé dans un état de tristesse intersidéral, celui qui l'a fermé au monde, celui avec lequel il faudra un jour couper le cordon ombilical pour avoir une chance, enfin, de survivre. Ce père, au-delà du syndrome œdipien, est le véritable complexe de Pitt : celui-ci a une maîtrise parfaite de lui-même, peut gérer n'importe quelle situation, les plus dangereuses, les plus folles, les plus risquées, avec un calme olympien ; mais cette fêlure paternelle, elle est là, profonde et il va lui falloir parcourir des billions de kilomètres pour la refermer au prix d'un sacrifice terrible.

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Gray, mine de rien, trousse une histoire qui fait la part belle aux belles images (le cosmos cosmogénique), aux scènes d'action (une chute de super super haut (Pitt, depuis le départ de son père est définitivement au plus bas), un Mad Max in the moon d'anthologie (plus gris que gray tu meurs), un Alien sauvage, une remontée en eau trouble (...) comme pour remonter à la source du mal), au chiadage futuriste tant en gardant un pas dans cet éternel présent (les serviettes chaudes dans les fusées - c'est le genre de petit détail à la con qui me plaît) mais sans jamais noyer sa trame principale, la relation fils-père plus que père-fils d’ailleurs. Il a également l'excellente idée de ne pas chercher à se cacher derrière des discours psychologico-philosophico-casse-bonbons pour chercher à meubler les temps morts ou les moments cruciaux : les voyages de Pitt se font en douceur avec des pépites de souvenirs qui le taraudent, la rencontre finale, père-fils, se passe, malgré la tension maximale, dans un calme effrayant, sans excès de mots ou de colère et Gray nous prend gentiment par la main pour nous amener doucement vers l'émotion de Pitt. Ses derniers mots  - il est question d'amour - sont lumineux - mais comme il est aussi question de soumission - avec une sorte de gros point noir au milieu (un peu comme une éclipse partielle, si vous voulez) : une morale paradoxale (le prix à payer pour la tranquillité…) mais pour le moins apaisée, "désangoissée". Un Gray au firmament.   (Shang - 03/12/19)

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N'étant moi-même pas un grand fan du cinéma de Gray, qui me semble toujours un peu solennel, un peu sérieux, je me retrouve comme un con devant le plus beau film de l'année. Le plus profond, le plus graphique, le plus émouvant, le plus impeccable niveau fond et forme. Comme dans tous les très grands films spectaculaires (Mission to Mars, La Guerre des Mondes, Abyss, Mission Impossible, Gravity), ce qui se joue dans Ad Astra dépasse largement le contexte dans lequel il prend place : il est à peine question là-dedans de pionniers de l'espace et de voyages interstellaires, ou en tout cas superficiellement seulement, comme une manière de maquiller le sujet principal par une surface de clinquant hollywoodien. Il y est question avant tout et seulement d'un orphelin qui a cru que son père était un héros, et qui apprend à devenir un homme en découvrant que ce n'était pas le cas et en le tuant. Qu'il faille pour en arriver là en passer par une aventure paposs en scaphandrier importe peu. L'image finale, celle qui reste, celle qui compte là-dedans, c'est celle d'un fils et de son père attachés par un cordon ombilical au sein du Grand Vide, et de la façon de rompre ce lien. Et cette phrase finale, toute d'ambiguité, prononcée par un Brad Pitt en lévitation, à la fois accablé par la dépression et solide comme un roc : il faut, oui, s'attaquer à la solitude humaine, et tenter de la résoudre.

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On ressort de là dans tous ses états, happé par la profondeur métaphysique du film, et qui parvient à produire une mise en scène complètement en phase avec ces questionnements douloureux, adultes. Le film est lent, contemplatif, marquant par son rythme la lente plongée de Pitt en lui-même, lui qui n'est en surface que domination de soi et sang-froid. Entre les grands événements qui jalonnent son chemin vers son passé (c'est aussi un film d'action, mine de rien), Gray joue aux prophètes mystique en montrant cet homme seul qui s'enfonce vers le grand Inconnu, celui-ci étant autant les confins de l'univers que les méandres de son subconscient. Un aspect Au Coeur des Ténèbres, oui, dans cette quête d'un homme sensément devenu fou ; sauf que cet homme est le père de celui qui accomplit la quête et que ça change tout ; et qu'il n'est pas si fou que ça, juste déçu que la vie ne soit que ça, que nous soyons bien seul dans l'univers, un homme qui refuse de croire aux mensonges de sa vie pour lesquels il a sacrifié femme et enfant, un homme rongé par la solitude et qui la refuse. Sublime rencontre donc entre ce vieil acteur de Tommy Lee Jones, parcheminé comme une vieille patate, et le vieillissant Brad Pitt, qui n'a jamais été aussi bon : l'un comme le miroir futur de l'autre s'il ne fait rien pour y remédier, l'un comme l'image d'un passé fantasmé de l'autre auquel il faut renoncer.

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Ce qui intéresse Gray là-dedans, comme elle intéressât jadis de Palma ou Cuaron, c'est la place de l'Humain dans la technologie. Brad a beau être un monstre de froideur et de contrôle, sa route vers son père a beau être calculée au millimètre, c'est l'humain qui va venir gripper la machine. Sa femme qui s'éloigne de lui, l'attaque de terroristes lunaires, l'agression d'un singe dans un vaisseau déserté, un pilote soudain happé par la peur lors d'ue mission, et finalement la présence incongrue du père dans la station abandonnée, tout est là pour nous faire comprendre que la nature, humaine, animale, reprend ses droits partout, et qu'elle est l'élément qui perturbera toujours la machine. C'est magnifique de suivre l'évolution du personnage de Brad Pitt qui se fissure sous nos yeux, infimement mais clairement, passant du pilote sans peur au petit garçon qui crie à l'aide. Tout dans le film est au service de la profonde mélancolie qui en émane, depuis le jeu des acteurs (Tommy Lee Jones aussi est super dans sa tristesse) jusqu'à la construction d'ensemble (du collectif à l'intime, de la technologie au monde amniotique), depuis le tempo du film jusqu'à sa lumière (même si les effets spéciaux sont un peu cheap, on adore les idées de lumière à l'intérieur des vaisseaux). Bon, vous l'aurez compris, j'ai trouvé mon film du siècle de l'année, je ne souffrirai aucun avis contraire.   (Gols - 11/12/19)

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Commentaires
D
Plastique magnifique, quelques symboles cinématographique bien sentis (le singe), tout cela ne parviens pas à cacher un propos d'un américanisme primaire bête à bouffer du foin (putain foutez nous la paix avec vos paternels), vu et revu, ridicule et chiant (la confrontation père/fils...), jusqu'à l'abération héroique (la traversé d'un champ d'asteroide façon captain america) et le cliché aérodynamique usé jusqu'à la corde (il se sert de l'explosion pour donner de l'élan à son vaisseau...Whoa!). Un feux d'artifice visuel purement "artificiel", qui sent bon le plat réchauffé au micro-onde. Reste cette scène de bataille lunaire, très chouette et bienvenue au milieux d'un film qui fait bailler allègrement.
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