Tricheuse (Manhandled) (1924) de Allan Dwan
Gloria Swanson est une gâte qui-n'en-veut mais qui risque, à force de jouer avec le feu, de perdre son amoureux. C'est elle qui tient sur ses épaules ce Manhandled où les mâles de la haute (artistes ou bourgeois installés), déjà à cette époque, avaient les mains coureuses. La petite Gloria, pourtant est amoureuse de son garagiste qui est, dit-il, sur le point de trouver l'invention mécanique du siècle. Pendant que notre homme est à Detroit pour faire la démonstration de son système ingénieux, la Gloria est invitée par son patron dans des "parties" qui vont lui faire rencontrer du "beau monde' autant dire de beaux salauds - leur objectif, la bisouiller, la tripoter, bref, le mâle heur de ces derniers siècles. Le ton, heureusement, grâce à la Gloria, reste celui, généralement de la comédie. Qu'elle mâche sa gum, qu'elle se retrouve toute écrasierte dans le métro (scène chaplinesque d'un haut comique burlesque), qu'elle pose comme un manche en princesse asiatique ou qu'elle imite les princesses russes, la Gloria swing et l'on sourit de ses mimiques comme de ses petits airs de mâdâme. Elle, la petite employée, se retrouve un peu comme une oie blanche dans ce monde luxueux qui, au départ, forcément, l'épate avant, bien sûr, qu'il la dégoute... Serrée de trop près, une ultime fois, elle enverra paître le richard malotru avant de retourner dans les bras de son garagiste... Encore faut-il, le bougre, tout fier de sa réussite récente à Detroit, qu'il veuille encore d'elle : il a en effet l'impression qu'en son absence la petite s’est un peu délurée… Gloria se retrouve littéralement à genoux : elle prie le ciel pour que son mécano lui revienne...
Une heure pétante pour que Dwan nous trousse ce petit drame romantico-social : quand on vient d'en bas et qu'on veut monter l'échelle sociale, il ne faut pas être grand clerc pour savoir que les charmes d'une femme sont ses principaux atouts... C'est un sujet suffisamment glauque en soi : heureusement que la pétillante Gloria fait passer la pilule par son dynamisme et surtout ses refus... Après avoir fait preuve de naïveté, la gamine, en effet, bienheureusement, se rebiffe, se révolte et l'on est bien content de voir que tous ces guignols de bourgeois ne parviennent pas à mettre la main sur elle ; ils l'ont fait rêver pour avoir une opportunité malhonnête mais, sur la Gloria, ils se casseront les dents. Le drame est évité. La fin, elle, se fait un tantinet plus mélodramatique (le mécano qui la répudie) mais le dernier plan happyendesque célèbrera la gloire des petits contre les parvenus. Du Dwan rythmé avec une bien jolie morale. Gloire à Gloria. Du muet qui balance.