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30 octobre 2019

The Fall de Jonathan Glazer - 2019

the-fall

Je me souviens d'avoir été raillé pour mon enthousiasme à la vision de Under the Skin de Jonathan Glazer. L'heure de la vengeance a sonné : regardez The Fall (ça prend 6 minutes), et inclinez-vous face à la puissance de mon génie visionnaire (poil au blaire). J'ai regardé hier soir ce court-métrage en boucle, hébété, abasourdi, ne sachant pas exactement ce que je regardais ; je ne le sais toujours pas aujourd'hui, mais je peux juste vous dire que c'est grand. Ce film est un objet fascinant, qui vous attrape par là où le cinéma devrait toujours vous attraper (l'échine), et vous laisse aussi abasourdi que perplexe, aussi enthousiaste qu'interrogatif. En tout cas, chacun de ses plans est parfait, et témoigne de la vision de son auteur. Dans la continuité de son film précédent, il cadre de façon toujours effrayante des choses qui échappent en grande partie à l'entendement : ici un groupe d'individus masqués qui harcelle un fugitif, avant de le précipiter dans un puits. La science du rythme du montage est impressionnante : aux plans infiniment longs (la corde qui se dévide dans le puits, la victime qui entreprend la remontée à la fin) succède une symphonie de plans très courts (parfois trois cut sur un seul mouvement), ce qui déstabilise l'oeil. Tout comme il est troublé, l'oeil, de voir ces paysages "à plat", très découpés sur le ciel : un arbre secoué à la base, dont on n'aperçoit que la cime qui s'agite seule dans un alentour parfaitement immobile. Le film est avant tout splendide visuellement, déclinant une sorte d'horreur tranquille dans un calme olympien, par la seule force de ses cadres et de sa musique bruitiste hantée. Il y a dans ces 6 minutes tout le cinéma de Glazer, froid, glaçant, mathématique et en même temps sanguin et sauvage.

1800

En filmant ces gens masqués en torturer un autre, en les privant de parole, Glazer travaille sur l'éternité de la violence : les masques semblent sortis d'une tragédie grecque ou d'une cérémonie maya, les costumes sont modernes. Ce hiatus pose le scénario dans une absence de temps qui augmente le vertige de ce qui nous est montré. Une fois le fugitif abattu de son arbre, les chasseurs-bourreaux se font prendre en photo dans la nuit avec leur victime, et ce plan fugitif vous saute à la gueule : on y lit les safaris en Afrique, les chasses à l'homme du Klu Kux Klan, les pendaisons arbitraires, la guerre, la guérilla urbaine, par la seule grâce de cette image crasseuse (au milieu de toutes les autres magnifiques), "objective", sèche. On ne sait trop si Glazer veut donner un espoir ou rendre compte de l'inanité de tout effort pour échapper à la violence du monde, quand il décide d'accorder un dernier plan au condamné qui décide de remonter le puits. Mais il réussit à donner une forme à la barbarie (l'effrayante petite danse du bourreau une fois son forfait accompli) et à parler en quelques minutes, en quelques plans d'un thème qui aurait pris des heures à n'importe quel autre cinéaste : la brutalité des hommes ne s'éteindra jamais. Sur le cul, donc, vous l'aurez compris, devant ce nouveau chef-d'oeuvre, le troisième de Glazer en trois films...

Commentaires
B
Vous railler, nous ne ferons point, camarade marvejolais. Under the skin était oubliable mais pas complètement quiche non plus, hé. Disons qu'il y avait des moments moyens, des moments mieux et des moments pas bien. <br /> <br /> On était cependant loin du choc de Birth, nan ? Ah, celui-ci, moi je m'incline. C'est vrai que c'est grand, très grand. <br /> <br /> Et, donc, Glazer en est au stade de filmer des kourtrajmé maintenant ? D'uh ?!
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