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24 octobre 2019

Un Jour comme un autre (Kyō mo mata kakute arinan) (1959) de Keisuke Kinoshita

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Encore un film de Kinoshita qui laisse tout chose, le cinéaste nippon alternant dans un film aux couleurs sépia éblouissantes, les flirts, les histoires d'amour qui bafouillent leur nom, les drames, les tragédies, la violence, la douce mélancolie... Tout cela en simplement deux mois de vacances, deux mois où tout risque d'être chamboulé mais où rien finalement ne changera... Une femme, un homme, un enfant : il travaille, elle fait les courses avec le peu qu'il gagne et le chieur de gamin se plaint ; notre homme décide de louer leur baraque pendant les vacances : il habitera chez un pote à Tokyo pendant que sa femme squattera avec le gosse chez ces parents... Il ne pense qu'à devenir plus riche, elle aussi en un sens mais elle voudrait surtout être plus heureuse... Ah le bon air de la campagne, ces petits plans d'eau pittoresque, ces voisins solitaires, ces pluies entêtantes, et ces sales gamins de la capitale qui viennent faire les marlous... Notre jeune femme (la douce Yoshiko Kuga et son célèbre grain de beauté nasal) va trouver pendant ces quelques jours un brin de réconfort auprès d'un homme un peu mollusque, qui élève tout seul sa fille alors que sa femme ne prend même plus la peine de lui rendre visite, lui envoyant juste un peu d'argent. Ces deux solitudes, avec leur bambin respectif auquel ils s'accrochent à défaut d’un roseau (une sorte de raison de vivre qui les rend à peine heureux), vont se tenir compagnie, sur le tatami ou sur de petits chemins pittoresques. D'autres aventures auront lieu durant cet été plus mouvementé qu'on ne le croit : le frère de Yoshiko tentera de se rapprocher d'une jeune fille et aura maille à partir avec les petits voyous en balade ; la gamine du mollusque tombera malade ; les visites du mari de Yoshiko tourneront généralement en eau de boudin (celui-ci passant plus de temps à aller jouer au mahjong chez la femme de son boss qu'avec sa propre femme)... Des sourires, des rixes, des blessures et même des morts !!! Un été qui s'annonçait tranquille, qui se devait sans doute d'unir ces deux êtres dont les âmes erraient et qui se terminera dans le sang, sur un coup de folie. Le train-train de la vie quotidienne pourra malgré tout reprendre à la rentrée... Des éclats de joie, d'espoir dans un monde finalement assez consternant.

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Un petit film qui marche sur la pointe des pieds avec quelques coups d'éclats (on a même droit à un accident de bagnole ! La fin est également digne d'un film de yakuza !) mais qui laisse en tête comme un brouillard nostalgique, comme un vague souvenir qui s’est bêtement évaporé. Yoshiko est aux petits soins pour cet homme lui-même dévoué à sa gamine et qui traîne avec lui plus de chagrin, de malentendus que de joie de vivre. Sa vie forcément s'éclaire avec cette rencontre inattendue mais le moins qu'on puisse dire c'est que l'homme a l'air maudit, comme si la guerre l'avait marqué à jamais du sceau de la fatalité. On aime cette façon de peindre par petites touches la complicité qui naît entre ces deux laissés-pour-compte ; pendant que le mari (like a bee) se perd en conjecture professionnelle, que le brother brasse de l'air (avec son taxi ou avec la jeune femme), que les voyous ennuient leur monde stupidement, ces deux-là vivent à l'écart du monde quelques instants de paix, de connivence... On pense que… et puis la fin se fera beaucoup plus abrupte et tranchante que prévu : point d'embellie dans la grisaille, les survivants retourneront à leurs petites occupations, Yoshiko pouvant tout de même garder dans un coin de sa tête quelques instants de tranquillité volés, aussi légers et entêtants que le son de cette petite clochette qu'elle gardera comme seul souvenir de cet homme "d'un été". Joli petit drame saisonnier teinté de romances surannées.

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