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23 octobre 2019

Zombi Child (2019) de Bertrand Bonello

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Toujours titillant et original le Bonello qui ose ici une histoire en parallèle entre le vaudou haïtien (cette présence de zombis - attention, des vrais, pas des ersatz jacksoniens - sur l'île est tout de même inquiétante, non ?) et la petite vie d'un lycée (napoléonien et parisien) de jeunes filles bien sous tous rapports. Les mots clés de l'histoire semblent être proférés par les enseignants, en particulier le prof d'histoire, qui débute le film avec une petite réflexion sur l'idée de révolution, de liberté et de libéralisme (…)... Heureusement, Bonello, n'est pas du genre à tomber dans le pensum intellectuel trop ardu et conte ici deux récits en parallèle en forme de parabole : d'un côté, un fameux zombi qui, revenu des morts (par définition) va parvenir à s'extraire de sa condition d'esclave et avoir l'opportunité (au final, et ce après une longue errance) d'avoir une seconde vie (LIBERTE CHERIE) ; de l'autre, une jeune fille amoureuse (puis amoureuse déçue - un premier chagrin d'amour forcément traumatisant...) qui côtoie une descendante de ce fameux zombi et qui essaiera de trouver auprès de la tante d'icelle (mambo, autant dire pratiquante du vaudou) une solution à ses petits problèmes. Elle paiera pour une séquence « d’exorcisme » et conduira la tante à sa perte (LIBERALISME HONNI). Deux parcours que Bonello entrelace intelligemment sans jamais essayer de tomber dans des échos faciles ou lourdingues.

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Il y a des deux côtés un monde fait de rites (joli tableau relativement réaliste de ces deux mondes, haïtien et lycéen, sans jamais tomber dans le "folklore" à outrance), de contraintes, dont il n'est pas forcément facile de s'extraire. Si l'histoire haïtienne est assez limpide en soi, le récit parisien est un peu plus complexe : d'abord parce qu'il est question d'un groupe de filles qui, au sein d'un club, tente de trouver leur petit espace de liberté. Notre héroïne amoureuse (et un peu solitaire), notre descendante haïtienne (qui garde en elle le poids de sa culture mais possède également une réelle facilité à s'adapter) et trois autres donzelles très "bon chic bon genre" tentent de "s'encanailler" un brin lors de retrouvailles nocturnes (alcool avec modération et rap contemporain - ouais, c'est pas franchement non plus des punks hardcore) ; ce petit monde élitiste où chaque année les mentions pleuvent et où les jeunes filles en fleurs essaient d'éclore malgré leurs "devoirs" (le mérite et la réussite avant tout pour rendre gloire à la patrie... Macron, sors de ce corps (d'élite)) est joliment décrit par petites touches par Bonello (un monde assez uniforme pour le coup) : seules ces fameuses réunions nocturnes de notre sororité permettent donc de trouver une petite échappatoire au sein de cet establishment sclérosé. Mais cette élite de "raisonneuses" (comme les appelle leur directrice) au service (finalement) d'un monde libéral (où tout s'achète) trouvera sa limite avec le parcours de cette héroïne - prise au piège de ses sentiments, elle tentera d’acheter sa « liberté » ; deux mondes, finalement, avec ses idéaux et ses dangers, deux mondes où les sentiments restent l'éternel moteur (avec ici des issues diverses et inattendues). Bonello, sans forcer le trait, sans tomber dans l'exotisme, livre un film esthétiquement soigné qui manque parfois un peu de sang (paradoxalement), de nerfs, mais qui parvient grâce à une mise en scène toujours aussi gracieuse, à traiter avec intelligence et finesse de concepts guère affriolants sur le papier. Un cinéma toujours aussi sensible et à fleur de peau chez le gars Bertrand. 

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