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23 septembre 2019

Une Chandelle dans le Vent (Fūzen no tomoshibi) (1957) de Keisuke Kinoshita

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Petite comédie sans grande prétention de l'ami Kinoshita qui nous permet tout de même, entre autres, de retrouver une Hideko Takemine en pleine bourre en femme au foyer un peu dépassée par les événements. Kinoshita, grâce à une belle direction d'acteurs, un sens du rythme évident, une exploitation au maximum de son simple décor (une baraque filmée sous tous les angles), nous fait passer un agréable moment avec cette comédie très légère qui vire, au besoin, au drame (tout en continuant de flirter avec le grotesque). Au départ, trois bras-cassés veulent braquer la baraque d'Hideko : la grand-mère aurait un pactole... Seulement voilà, les gens (famille, voisins, commerçants divers...) ne vont avoir de cesse de défiler lors de cette journée un peu folle : Hideko et son mari ont gagné à la loterie (un modeste appareil-photo) et la nouvelle va rapidement se répandre ; comme à peu près tout le monde dans leur entourage proche ou moins proche a besoin de thune, notre modeste petit couple va être sans cesse sollicité... Jusqu'à l'arrivée d'un sombre neveu qui va se faire de plus en plus menaçant. La pauvre Hideko, derrière ses petites lunettes rondes et son petit air pincé n'a pas fini d'avoir des émotions...

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Le moins qu'on puisse dire, c'est que cela défile dans cette petite baraque (le jeu avec la porte dont on ne voit que le haut qui s'ouvre... on pense que ce sont les bandits qui passent à l'attaque avant de se rendre compte qu'il s'agit bien souvent que d'un quelconque intrus) - un film japonais vintage sous influence anachronique almodovarienne... Hideko, outre ses échanges avec son mari un rien branleur qui passe de façon sporadique, doit se coltiner sa grand-mère (avare comme un Auvergnat en rase campagne - je suis bien placé), ses deux jeunes sœurs (vénales), son bambin malade, sa locataire capricieuse, l'ami de cette dernière, le copain de ses sœurs, le réparateur de tatami, le vendeur de journaux... Bref, cela n'arrête jamais et chacun semble concerné par deux priorités : la bouffe et l'argent - au moins, c'est clair. Des échanges souvent vifs, qui tournent à l'amer et, si les dialogues manquent parfois un peu de sel, il y a souvent suffisamment assez d'agitation, de mimiques (Hideko ; reine du sourcil suspicieux) et de branle-bas de combat pour que les situations, à défaut d'être hilarantes, fassent légèrement sourire. C'est surtout les passes entre Hideko et sa mère qui donnent un petit ton pince sans rire à cette comédie ; elles se disputent le moindre sou et aucune ne rate une occasion pour railler l'avarice et le manque de générosité de l'autre - bref, un petit combat de bout de chandelle. Ça fuse (les reproches entre sœurs), ça se fight même (entre jeunes coqs et jeunes donzelles) et ça devient même sur la fin franchement tendu avec ce neveu armé qui pète un plomb et braque la grand-mère (alors richissime, la vieille, ou sur la paille ?). Le gamin, con comme un bol de riz, s'empare du flingue et on frôle la catastrophe avant un final heureusement plus bennyhilesque que tragique. Une comédie pleine d'entrain qui permet tout de même d'évoquer des sujets brulants : laprécarité, la disette et la violence sous-jacente - même si elle reste ici traitée avec bonne humeur. Petite œuvre croquignolette du maître, plutôt de bonne facture grâce notamment au peps des acteurs.

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