Bandidas de Joachim Rønning et Espen Sandberg - 2006
Ah on en aura vues, des raves, au cours de cette odyssée westernienne. Si je ne m'étais pas assigné comme noble but d'éduquer nos millions de lecteurs journaliers dans la voie du bon choix de films de cow-boys, j'aurais voué ce film aux gémonies dès sa 3ème minute, l'aurais enterré sous une dalle de béton et aurais passé les années suivantes à essayer de l'oublier. Mais il m'a fallu boire jusqu'à la lie cet infâme ragoût visuel et narratif, vous avez le droit de me plaindre. Bandidas est l'archétype de ce que les productions Besson nous proposent depuis toujours : c'est d'une laideur infâme, c'est con comme un panier percé, c'est joué au rabais et c'est écrit pour un public d'élèves du CM2... sauf que, après vérification, c'est bien fait par des adultes qui, au terme de calculs pointus et de PowerPoint savants, en ont conclu que c'était ce que le public attendait d'un film. C'est-à-dire que ces gens pensent que deux filles avec des gros seins dévalisant des banques et parlant philosophie avec leurs chevaux, se livrant à des concours de baisers, se pougnant comme des collégiennes et finissant par déculotter un méchant grimaçant et suintant, ça va plaire aux spectateurs ; c'est-à-dire qu'ils pensent qu'on ne va pas tiquer devant cet aspect "adolescent obsédé sexuel mais puceau" du film, qui montre des scènes de cul (puisqu'il y a des femmes, il y a du cul, dans l'esprit de Besson) qui n'osent pas aller plus loin que "ohlala elle embrasse mieux que moi" tout en suggérant sans suggérer, comme si on était encore aux temps du code Hayes ; c'est-à-dire qu'ignorer ainsi les règles les plus simples du western (le paysage, les cow-boys) et que tout maquiller sous des écrans verts immondes et des effets spéciaux réalisés sur un Amstrad de 1981 ne leur a pas posé problème ; c'est-à-dire qu'ils n'ont aucune idée que leur vision arriérée de mâles en rut, leur appréhension du monde réactionnaire et crétine, leur image de la femme troglodytique, et leur roublardise à engranger des dollars sans aucun souci de qualité soit condamnable. Le pire est qu'ils ont raison, puisque le truc a dépassé les 3 millions d'entrées. C'est donc moi qui ai tort, mais comme je suis chez moi sur Shangols, je le dis : Bandidas est une vraie bonne grosse et grasse bouse.