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28 août 2019

Un Amour pur de Carmen (Karumen junjō su) (1952) de Keisuke Kinoshita

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Un second opus de Carmen (avec une suite de prévue... qui ne verra jamais le jour) qui part un peu dans tous les sens, mixant comédie, comédie musicale et... politique avec plus ou moins de réussite. Kinoshita s'amuse à "décadrer" ses cadres (lors des parties « artistiques » notamment - lorsque Carmen danse ou qu'elle rend visite à l'atelier d'un artiste) ce qui produit un petit côté arty (certes) mais donne aussi le mal de mer lors de champ-contrechamp où la caméra ne cesse de tanguer. Un artiste (moderne et sous influence de l'ouest) et trois prétendantes : la mutine Hideko Takamine (toujours pleine de peps dans la comédie, multipliant à nouveau ici les facéties) qui ne se sépare pratiquement jamais de son amie dont le bébé demeure véritablement collé à son dos (je pense que le bébé a dû entamer par la suite une carrière de cascadeur... il est de tous les cahots, le pauvre), une jeune femme un tantinet vénale (Chikage Awashima) dont la mère, résolument atroce (Eiko Miyoshi, l'actrice la plus laide du Japon mais qui envoie du bois), est très engagée politiquement (contre le réarmement... elle sera souvent conspuée et tournée en ridicule) et enfin une troisième jeune femme qui aimerait recevoir plus de thune pour le bébé que l'artiste a eu le malheur de lui faire... Trois jeunes femmes relativement pugnaces qui ne sont pas prêtes à lâcher le morceau.

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Il y a du dynamisme dans la chose, en partie grâce à Hideko qui n'est jamais la dernière pour faire des mimiques, pour entonner bravement une chansonnette carménisée en pleine rue, ou pour se lancer dans une chorégraphie infernale… et tout faire pour ne pas se "dévoiler" sur scène - elle interprète on stage une Carmen-strip-teaseuse... seulement voilà quand l'artiste vient assister au spectacle avec une autre dulcinée, l'Hideko veut à tout prix garder sa dignité ! (elle perdra d'ailleurs du même coup son taff et deviendra par la suite une sorte de femme-sandwich dans des tenues de plus en plus ridicules (mention très bien pour la souris)) ; elle n'est pas la seule à se donner à fond, la femme politique se révélant une véritable furie, motivée à mort par le mariage de sa fille et par les élections ; avec son petit poil au menton et sa gueule de Michel Simon, elle houspille constamment l'artiste pour lui faire sauter le pas... A noter aussi au rang des personnages drolatiques, l'amie de Hideko qui traîne son gamin comme un boulet ou encore la servante de l'artiste totalement obsédée par la bombe A (petit comique de répétition de bon aloi). Il y a donc du nerf mais cela, disais-je, part parfois un peu en vrille comme si le scénario était écrit au fur et à mesure ; Kinoshita est doué pour les petites saynètes qui font mouche (Hideko en apprentie-danseuse parmi les gamines ; la chaise à bascule de l'artiste qui fait plusieurs victimes…) mais avouons que son scénario manque parfois un peu de liant ; il finit même par être un peu longuet (les apitoiements des uns et des autres... on avait compris, je crois). Le final (le meeting politique) tourne d’ailleurs doublement au fiasco, avec une Eiko qui se fait fortement remuée par la foule et une romance... totalement laissée en suspens (en prévision d'une suite, certes... mais on reste devant la chose résolument comme deux ronds de flan comme si Kinoshita lui-même avait fini par se désintéresser de son histoire). Une Carmen toujours plein d'allant, pétillante mais qui tourne un peu trop en rond. Non mais olé, quoi.

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