The Pony Express de James Cruze - 1925
Un western plein comme un oeuf, qui développe en 1h06 de temps environ 17 intrigues complexes... mais finit par n'en développer aucune, malheureusement. Le gars James Cruze ne manque certes pas d'ambition avec ce thème historique qui file tout au long du film en fil rouge : un sénateur a décidé que la Californie n'allait pas faire partie de l'Union des Etats, nom de nom, et se sent prêt à toutes les félonies pour parvenir à ses fins. Il va trouver sur son chemin le brave Jack, unioniste convaincu, qui lui aussi va rivaliser de ruses pour contrecarrer ces plans d'indépendantiste. Sur fond de construction du Pony Express (qu'on ne verra jamais, même si les plus belles séquences sont celles où on suit de braves gars engagés pour transporter le courrier américain à travers tout le pays), la bataille sera donc beaucoup plus politique et tactique que virile, et le film va manquer cruellement de bonnes grosses scènes de baston ou de cavalcade. Cruze est nul dans les scènes d'action, d'ailleurs très rares là-dedans, préférant de toute évidence parler d'histoire des Etats-Unis plutôt que de tensions personnelles. Pour en donner quand même pour son argent au chaland, il ajoute à cette histoire plein de petites choses qui finissent par noyer le poisson : une histoire d'amour, un mot de passe qu'il ne faut pas transmettre (c'est la partie espionnage du bazar), une attaque d'Indiens qui sont des faux Indiens, un prêtre raillé par les autres et qui va pourtant ériger son église, etc etc. Il y aurait eu de quoi faire pour envoyer du steak, mais Cruze ne se laisse pas faire comme ça : The Pony Express est et restera un film tout à fait bien documenté sur ces années-là (vers 1860), et enverra aux orties le plaisir simple du spectateur. On se la met donc sur l'oreille, et on constate que le réalisateur n'est pas complètement manchot, que son film est plutôt bien foutu, en tout cas d'une très honnête facture artisanale ; et qu'il sait diriger les acteurs, plutôt inspirés (Ricardo Cortez, Wallace Beery, et la petite Betty Compson, un peu engoncée dans son costume de jeune fille sage). Bon, c'est bien tout, il lui manque la petite patte, le style, le petit machin qui élèverait son film au-dessus du lot. On est vite largué sous l'avalanche de pistes secondaires et les digressions inutiles, au bout d'un moment on n'y entend plus rien et on attend la fin, qui verra bien entendu le bon triompher, les USA se construire et l'avenir se dessiner radieux.
Go old west, here