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11 juillet 2019

Le Retour du Fils prodigue (Návrat ztraceného syna) (1967) de Evald Schorm

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On est dans le bon vieux film tchèque des sixties avec lecture politique obligée en fond (un type enfermé dans un asile après un suicide, ça motive forcément toute volonté d'interprétation) ou pas... Ou pas, parce que force est de reconnaître ici que Schorm ne cherche pas forcément à forcer les traits chez cet individu qui vit certes un certain mal-être au sein de cette société mais ce mal pourrait sans doute être le même... dans toutes les sociétés. Qu'est-ce qui l'a poussé au suicide, nom de Dieu ? Lui-même semble bien le dernier à pouvoir y répondre... Alors oui, certes, sa femme le trompe avec un proche mais quoi de plus normal là-dedans, hein ?... Alors oui, certes, dans son taff d’ingénieur, il semblerait qu'on insiste un peu trop lourdement pour qu'il fasse des concessions, mais qui n'en fait pas, hein ? Oui, il a une gamine de trois ans un peu chieuse (classique), des beaux-parents un peu lourds (des beaux-parents). Bon tout est normal... après, qu'il ait envie de s'enfuir de cet asile, c'est normal, mais n’est-ce pas normal qu’on cherche aussi à le retenir ? Est-il vraiment guéri ? Peut-on vraiment guérir, de soi ?

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Oui, je place sans doute la barre un peu haute dès le matin, c'est un peu facile, d'autant que le film se prend beaucoup moins la tête que cela. On est dans la bonne vieille new wave locale avec une certaine volonté de prendre les choses sur le vif (toutes les scènes avec la bambine notamment - même si on peut soupçonner que certaines soient postsynchronisées - c'est de bonne guerre) et de laisser filer les interactions entre les multiples personnages. Notre héros, avec ses lunettes noires d'aveugle, est-il devenu insensible au monde alentours ou est-il simplement blasé ? Sa copine lui assène qu'elle l'aime mais la coquine flirte dans son dos, la femme du directeur lui fait du rentre-dedans mais elle ne semble pas franchement correspondre à son idéal, une starbée de l'asile lui fait les yeux doux mais il ne sait pas trop comment la prendre... Il faut reconnaître que notre gars, un peu en manque de repères, a du mal à voir le bout du tunnel... Il n'y a que dans ses échappées soudaines qu'il semble retrouver du cœur à l'ouvrage mais il y a malheureusement toujours ces deux hommes en blanc kafkaïens qui font l'effort d'aller le recadrer et le ramener. Le film, disons-le, tourne un peu en rond, jusqu'à cette ultime course-poursuite dans les champs où notre homme se retrouve avec une foule de paysans à fourche au train (ils pensent que c'est un tueur...)... Une sorte d'épisode ultime, de cauchemar ultime pour notre individu en quête de rédemption (si, si, la thématique est présente, pas seulement dans le titre) dans ce monde qui lui échappe. Mais là encore, s'il parvient à se sortir in-extremis de cette mise à mort, difficile de dire qu'il est totalement "sauvé" vu qu'il retourne in fine dans cet asile... Une œuvre pas franchement haletante, qui pose sans doute plus de questions qu'elle n'y répond, mais une œuvre dans "l'air du temps" avec suffisamment de questionnements ontologiques pour nous interpeler - genre. En un mot, un peu déprimant dans le fond mais relativement détendu et léger dans la forme avec notamment un anti-héros des plus sympathiques. C’est pas si mal.

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