LIVRE : Mado de Marc Villemain - 2019
Villemain s'attaque au sujet brûlant des amours adolescentes, doublement adolescentes serais-je même tenté de dire puisqu'il décrit les amours primaires et turbulentes de deux jeunes filles. Cela se déroule (on le ressent dès l'ouverture du récit avec cette longue première partie consacrée à la "disparition" de la toute jeune héroïne (alors neuf ans) dans sa cabane secrète située en bord de mer) dans une sorte d'espace en dehors du temps, une sorte d'Eden pour cette jeune fille qui va mordre dans la pomme de la jeune Mado avant de passer du paradis à l'enfer (la jalousie puis la perte). Villemain trousse un récit relativement sensuel, au plus près des sensations troublantes de son héroïne troublée. Cette dernière, définitivement en marge de ses camarades ou de sa famille (sans être forcément butée contre eux ni contre elle), voue une véritable passion à cette lumineuse et souvent incontrôlable Mado. C'est elle qui va étancher sa soif de découverte (sentimentale et sexuelle) et provoquer ses premières désillusions (des désillusions qui continuent de l'obséder quinze ans plus tard, alors même qu'elle revient sur cette époque : une période de liberté, d'extase, et de chute...). Un premier paradis perdu duquel il ne sert à rien de partir à la recherche : le bonheur ne dure jamais.
C'est assez court, concentré, et si Villemain défonce un peu des portes ouvertes sur le sujet, il le fait avec un certain tact, sans claquer la porte en partant. Il tente de nous rendre avec une certaine justesse l'état d'esprit un peu brouillon de cette vierge Virginie, prête à tout expérimenter sur un coup de dés (le premier baiser qu'elle donne à Mado dans la cour de récré), prête à tout remettre en cause sur un coup de tête (les infidélités supposées ou réelles de sa jeune partenaire peut-être encore plus fantasque qu'elle). On retrouve avec une certaine joie ces hésitations adolescentes et surtout cette capacité de s'enflammer pour le meilleur (des sentiments et des joies exacerbés) et pour le pire (quand le couperet tombe, tout un monde s'écroule). Un petit bouquin qui a du charme, charmant, sans doute un peu léger, comme une robe printanière un peu trop courte. Des premiers émois et de la psychologie enfantinescente (mouais), traités dans un style agile à défaut d'être transcendant.