Les Veuves de 15 ans (1965) de Jean Rouch
Quelle belle époque que ce milieu des années 60 où tout était « terrible », ou « formidable » (ou pas) : ces yéyé qui chantaient comme des souches, ces jeunes hommes cravatés par l'ennui, ces jeunes filles tout juste sortie de la puberté et naïves comme des tourtes qui voulaient découvrir l'amour et finissaient bourrées dans des partouzes qui ne s'appelaient pas encore des viols collectifs (j'étais ivre, avec quatre mecs, alors ils ont profité de moi ; moi j'avais peur qu'on me vole mon sac). Heureusement, il y a Maurice, le "vieux" de l'histoire (39 ans et déjà une certaine morgue), the Maurice Pialat en photographe de djeun's qui tente, entre deux clichés et deux tenues moins sexy qu'un pot de fleur, de philosopher un peu sur la vie, l'amour, les espoirs éventuels...
Jean Rouch décide de suivre deux jeunes filles (une aristo et une bourge - pas des gilets jaunes en puissance) qui font leurs premiers pas amoureux, enfin qui font leur premier pas auprès de mecs plus sexistes les uns que les autres (heureusement depuis, le mâle a changé - ou pas tant). Les premières boum, les premiers concerts, les premiers verres dans des cafés, les premières réflexions bébêtes des "hommes" qui ne pensent qu'à ça et qui trouvent déjà la vie tellement morne... Les mecs, cela change des week-ends à la campagne au bord d'une piscine avec les amis de pôpa ou des promenades à cheval avec les amis de pôpa (des futurs macroniennes ces petites). Entre deux bulles de Spirou et deux pubs de Elle, elles se racontent leurs flirts ; l'une plus "délurée" couche avec des mecs formidables (il a une voiture de sport et il est connu, beurk) et cons des ballons, l'autre plus sage attend sans se faire non plus trop d'illusion (je me marierai quand je serai vieille, à 25 ans – diable ; de toute façon, l’amour « c’est vache » - ah !) en discutant avec un ami de pôpa bien bien paternaliste... Ah cette jeunesse bien propre sur elle et déjà si tristoune en quelque sorte. Doc vintage du père Rouch une jeunesse née une cuillère en argent dans la bouche et un peu désenchantée avant même de commencer...