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24 octobre 2018

Un 22 juillet (22 July) de Paul Greengrass - 2018

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Paul Greengrass devient le spécialiste du docu-fiction de crise. Après le film sur un avion du 11 septembre 2001, le voici de retour en spectateur de la monstruosité moderne, sur les traces cette fois-ci de Anders Behring Breivik : celui-ci a tristement laissé son nom dans l'histoire en trucidant à lui tout seul 77 personnes lors de son attentat de 2011, un des pires drames qu'ait eu à subir la Norvège. Le gars remonte le cours de cette journée méphitique, minute par minute, puis raconte le procès qui s'en suit. Il est pour cela épaulé par une bonne grosse pile de documents (la véracité et la précision des faits ne font aucun doute), par une ambition très noble (tenter de retracer les faits en y adjoignant le moins de subjectivité possible), et par un acteur tout à fait correct, Anders Danielsen Lie (bien meilleur ici que dans le récent La Nuit a dévoré le monde).

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La première partie est en ce sens assez réussie. Greengrass filme sans commentaires les actes de Breivik, et cette rigueur dans le filmage épouse bien le noir dessein du terroriste. Il y a un côté implacable dans ces exécutions qui est très bien rendu par l'objectivité de la mise en scène, qui refuse tout sentimentalisme pour ne filmer que ce qui s'est passé, dans toute son horreur. On est pourtant très loin du documentaire : Greengrass joue des points de vue, alternant celui de Breivik et celui d'une de ses victimes, jeune homme pris pour cible sur la fameuse île d'Utoya où le bougre a fait le plus de victimes. Etrange de constater combien on peut être happé par ces faits, voire même, c'est ambigu, tendu vers la résolution de ces meurtres, épousant parfois le point de vue de Breivik avec un vrai intérêt : le côté jeu vidéo de sa chasse à l'homme y est pour beaucoup. Le gars tire à vue sur tout ce qui bouge, traquant façon chasseur ceux qui se cachent dans la forêt, ouvrant tout à coup des perspectives qui dévoilent des cibles cachées, et on est pris entre la peur des victimes et la satisfaction du prédateur. On sent que Greengrass marche sur des oeufs, dans sa volonté de retracer précisément les faits sans en rajouter, en nous faisant côtoyer ce monstre sans nous le faire aimer. En ce sens, le jeu de Lie est très bon, humain et monstrueux à la fois.

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Après ce fragile équilibre s'écroule complètement, on dirait qu'on commence un film différent. Une fois Breivik arrêté, on se concentre sur le fameux jeune gars, qui a réçu moult balles dans le corps mais s'en remet doucement. Là, c'est un festival de sentimentalisme et de crétinerie. Greengrass prend parti, et s'enfonce dans le mélo pur beurre. Résilience difficile, agressivité envers les parents, lente réadaptation à la vie, terreurs nocturnes, appréhension de témoigner au procès, tout y est dans l'ordre, et tout est sur-joué et sur-signifié. On comprend bien que ça doit être très difficile de se relever d'un tel truc, mais Greengrass échoue complètement à en rendre compte. De même qu'il échoue à donner de l'intérêt à cet avocat choisi par Breivik (alors qu'il est dans le camp politique opposé), victime comme il se doit de menaces de mort et d'incompréhension : son sort n'a que peu d'intérêt, et on se fout un peu de ce qui lui arrive. Reste le questionnement intéressant sur les motivations du tueur, véritable mystère (est-il complètement con ou faut-il y voir le résultat d'une politique trop permissive du pays ? Un cas particulier ou un symbole ?). A part ça, le film n'a à proposer que des scènes attendues, surfaites, gonflées par un sentimentalisme qui annule tous les effets de la première partie. On se retrouve avec un discours genre "Tuer des tas de gens c'est pas bien", ce qu'on n'avait pas vraiment besoin d'entendre.

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Commentaires
L
Anders Danielsen Lie est très bien dans La Nuit a dévoré le monde.
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