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13 septembre 2018

Vacances sur Ordonnance (Last Holiday) (1950) de Henry Cass

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Très joli titre français pour ce film anglais un peu suranné et d'un optimiste capraesque - en attendant la chute. L'idée de départ est relativement simple : un type, Alec Guinness (cheers), le mec normal dans la force de l'âge, apprend qu'il est atteint d'une maladie incurable ; il n'en a plus que pour quelques mois. Notre gars, forcément un peu sonné, décide de retirer toutes ses maigres économies pour aller se finir dans un hôtel perdu un tantinet classieux. Des personnes assez disparates sont échouées là (des types richissimes, un couple sans le sou qui vit de petits trafics, un ministre branle-manette en convalescence...) et prennent plaisir à tailler la bavette avec ce mystérieux nouveau quidam. Alec Guinness n'a de cesse d'entendre des réflexions et des expressions un peu plombantes en relation avec la mort. Notre homme sent le sapin. Cela ne l'empêche point pour autant d'avoir des petites attentions pour chacun et de devenir rapidement assez populaire au sein de ce petit cénacle. Non seulement on lui fait des propositions de taff particulièrement alléchantes (avoir eu toute sa vie un petit job merdique et s'entendre dire que l'on aurait pu faire des choses plus passionnantes, dur en un sens) mais également de flirter avec de bien gentilles jeunes femmes : qu'il s'agisse de la piquante Beatrice Campbell toujours partante pour lui offrir un baiser ou de la classieuse Kay Walsh qui règne sur les lieux... Une dernière ligne droite finalement assez enchanteresse qui laisse notre Alec tout chose... Et si un miracle était encore possible ? Cass nous laisse entrevoir le bout du tunnel avant de nous livrer un double rebondissement qu'on aurait pu, en un sens, sentir venir... 

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Jamais entendu parler de ce Cass qui livre un film tout à fait charmant ; l'histoire se déroule dans un milieu reclus situé ni sur une montagne ni dans un endroit magique mais qui aurait presque parfois l'atmosphère du livre de Mann. Alec est condamné, ronge son frein et la moindre discussion semble le rapprocher un peu plus de la tombe ; il n'ose encore avouer son secret mais décide peu à peu de se lâcher : chance au jeu, opportunités professionnelles, flirts inattendus, notre homme semble vivre sur un petit nuage ; capable d'empathie, solidarisant tout son petit monde en cas de crise (une grève du personnel), Alec devient vite une figure incontournable dans ce lieu où les langues de putes vont pourtant bon train... Un succès qui aura pourtant son revers de médaille (la fin est relativement cruel d'un point de vue purement humaniste : on peut être très vite porté aux nues et tout aussi vite oublié... le tableau à l'optimisme jusque-là digne d'un Capra se teinte d'une certaine noirceur peu amène) ; le dream come true américain tourne au nightmare caustique à l'anglaise. Cass filme avec une certaine fluidité ces couloirs et ces alcôves d'hôtel où les langues vont bon train ; il capte aussi avec un certain savoir-faire les nombreuses petites messes basses putassières de ces personnes à la mémoire bien courte (belle utilisation des gros plans lors de cette séquence où les langues, en l'absence d'Alec, se délient). Seule la divine Kay est finalement épargnée dans ce portrait à charge. Le final laisse le spectateur comme deux ronds de flan, tout ému par ce petit homme qui a su, le temps d'une saison, faire son trou... avant de le creuser. 

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