Oro, la Cité perdue (Oro) de Agustin Diaz Yanes - 2017
On raconte qu'il y a fort longtemps, un groupe d'hommes partit au fin fond de l'Amazonie pour y trouver un pays tapissé d'or, et qué sé appelorio Quezac. Bon. Yanes veut faire son film de conquistadores en costumes à lui, pas question de laisser ça à Herzog ou à Mel Gibson, et le voilà qui nous pond, avec la conviction de l'un et le budget chaussures de rando de l'autre, sa fresque pleine d'empalements à l'épée, de serpents venimeux et d'Indiens peu amènes. Ça donne Oro, piètre film d'aventures qui sent l'amteurisme à chaque plan. Sous les ordres du méchant capitaine autoritaire, ces mecs peu scrupuleux sur l'hygiène mais ardus à la survie traversent donc ladite forêt, et rencontrent moult dangers qui en déciment la moitié à chaque scène. Et vas-y que je tombe sur une tribu d'Indiens sodomites ET cannibales (dans quel ordre ?), et vas-y que je te fomente des trahisons internes pour pouvoir me taper la brune de service, et vas-y que je me ramasse une flèche de sarbacane dans l'oeil, et vas-y que ma mutinerie me condamne au garrot, et vas-y que je suis poursuivi par des concurrents, bref, la jungle c'est pas de tout repos pour nos fiers soldats du roy. Heureusement pour eux, le film semble leur avoir épargné pas mal de souci, puisque le tournage a dû se dérouler dans un bosquet de la forêt de Tronçay, si on en croit en tout cas l'impression de petitesse qui s'en dégage, et les 200 faux-raccords qui emmènent nos gars toujours aux mêmes endroits. Incroyable comme cette jungle peut être peuplée, qu'on se dit au final, à chaque coin de clairière on trouve des Indiens, des conquistadores, des villages abandonnés et des animaux sauvages. C'est bien le souci : tout est tellement artificiel dans ce film, tout fait tellement toc, qu'on n'arrive pas à imaginer une seule seconde le danger : la forêt semble construite sur un plancher de théâtre, la lumière est bien trop rasante et jolie pour être crédible, les événements arrivent en rafales, et aucun personnage n'a le temps de développer une quelconque biographie avant d'être écartelé, garrotté, sodomisé, ou dévoré par la faune locale.
C'est pas faute de s'appliquer pourtant. On sent Yanes plein d'ambition, fabriquant un film d'un sérieux papal sur ce sujet un peu surfait, y mettant sagement tout ce que ses confrères ont mis dans le leur avec succès, envoyant paître l'inutile (la direction d'acteurs) pour se consacrer à l'essentiel (la couleur du sang), insufflant quand il le faut les scènes nobles d'usage (un chant espagnol pour lutter contre ces brutoss de sauvages, grand moment de dignité au bord du ridicule), et creusant même une vague philosophie métaphysique sur la fin (c'est une adaptation d'un bouquin de Perez-Reverte, il faut bien quand même lui laisser la parole de temps en temps) : la soif de l'or, mon gamin, c'est pas bien, et ça ne conduit bien souvent qu'à l'impasse. Mais rien n'y fait : tout est raté dans ce péplum en carton-pâte sans regard, sans imagination, sans relief, sans personnage.
Ce film est édité par Wild Side (la page Facebook de l'éditeur), et sort en DVD et Blu-Ray le 1er août.
Sa vision édénique nous fut permise par l'immarcescible Cinetrafic,
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