Le Mystère du Château maudit (The Ghost Breakers) (1940) de George Marshall
George Marshall donne un peu plus de marge et de chose à jouer à Paulette Goddard qu'Elliott Nugent (The Cat and the Canary) et ce pour notre plus grand plaisir. Même si la partie "hantée" est un peu congrue (attendre le dernier tiers), on aime à suivre tout au long de la première heure la nymphette Paulette, s'esclaffant face à l'orage, souriant en flirtant (elle doit encore se taper Bob Hope comme partenaire) ou encore en nuisette (qu'elle porte ma foi très bien avec ses jambes de gazelle). Paulette hérite d'un château hanté à Cuba et doit se farcir, avant même que l'aventure commence, toute une série d'individus louches, d'Anthony Quinn en personnage inquiétant vite inquiété au grandiloquent Paul Lukas as Parada... Que lui veulent tous ces gens qui la mettent en garde contre la dangereuse réputation du château (toutes les dernières personnes qui y ont dormi sont mortes) mais semblent en même temps vouloir l'acquérir (y aurait-il un fabuleux trésor ?). Bref, l'ambiance est un peu au vaudeville dans la chambre de la Paulette (avec le Bob, animateur radio pris dans un sale traquenard, qui y trouve lui-même refuge) puis à la croisière s'amuse - ou pas - sur le bateau qui les mène en terre cubaine. Bob Hope qui s'est gardé les meilleures vannes tente d'amuser la galerie avec son majordome Willie Best (le black de service victime de remarques parfois un peu limite... « Il est né pendant une éclipse » ohoho, « dans le noir, pour le voir, faudrait le peindre en blanc » ahaha - Bob est au plus bas dans notre estime) pendant que Paulette, perdu dans le brouillard, essaie de ne pas perdre espoir dans les bras de Hope (get the joke ?). Le ton est badin, léger, et on se frotte les mains en attendant la partie plus "terrifiante".
On aime, bien sûr, à retrouver l'espiègle Paulette en robe de soirée, en maillot de bain (qui lui sied divinement) ou en costume d'apparat (très belle apparition "fantomatique" lorsqu'elle descend les marches du château de son pas feutré). Cette dernière partie, plus bouuuuhhh grâce au fantôme et autres esprits, nous donne son lot de gentils petits frissons avec un véritable zombie (très impressionnant dans son costume de chevalier, une arme de poing vintage à la main), un véritable fantôme ancestrale (c'est un "effet spécial" ou non ? Ben non en fait...) et ces portes qui grincent. Bob Hope continue de faire un peu le mariole avec ses réparties à deux balles bien qu'il n'en mène pas vraiment large dans ce décor qui sent la mort. Des portes qui claquent, des coups de feu qui partent et une Paulette qui garde la tête froide dans cette sympathique comédie mâtinée d'un soupçon d'horreur et cette ambiance gothico-vaudou. On passe donc résolument un bon moment en compagnie de ce bon petit film de genre hybride du samedi soir, retrouvant avec un certain bonheur toute la grâce d'une Paulette qui ne ménage pas ses sourires malgré l'effroi, parfois. Well done George !