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11 juin 2018

Du Sang dans la Poussière (The Spikes Gang) (1974) de Richard Fleischer

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Envie d'un bon vieux western de la lose, de rencontrer les pires braqueurs de banque de tous les temps ? Eh ben je vous conseille ardemment cette oeuvre de Fleisher qui ferait passer Nicolas Cage dans Sailor et Lula pour Spaggiari. Au départ, il y a ce brave Lee Marvin, la cinquantaine, déjà un peu rouge, déjà méchamment usé : trois jeunes gars le retrouvent telle une oreille coupée et sanglante dans la pampa, blessé à mort ; un casse qui a mal tourné ? Fort probable, en tout cas le Lee a morflé, est à l'agonie et en prime recherché. Nos trois jeunes gens s'occupent du Lee avec les moyens du bord, le soignent, le cachent, lui donnent à manger. Lee repart en leur promettant de leur rendre un jour la pareille, allez tchao, restez de bons vieux bouseux dans vos petites familles... L'un d'eux, Will, après s'être pris une énième tannée par son père, décide, sur un coup de grisou, de se faire la malle ; il est vite rejoint dans sa fugue vers l'aventure par Les (Ron Howard himself, ex enfant star qui, à 20 ans, a déjà une solide carrière derrière lui, et futur réalisateur de films science-fictionnels sympathiques) et par Tod (Charles Martin Smith), une bonne tête de vainqueur. Nos trois gars sans le sou se sentent libres, prêts à tout(es les conneries)... Et tombent rapidement dans le ravin : un premier casse qui vire à la cata et un vol à l'arrache qui les envoie tout droit dans une sordide prison mexicaine - bref, des débuts prometteurs... Le hasard les fait croiser Lee, qui les sort de taule, les remet en forme et leur propose... de devenir ses acolytes. C'est parti pour la gloire.

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Fleischer, après avoir mis en scène ces bras cassés, va, pense-t-on, sur les conseils de "l'expérimenté" Lee en faire des casseurs du siècle. Que nenni, on ira de foirage en foirage avant de carrément sombrer dans le pathétique... Un casse préparé bien légèrement, et nos jeunes gens qui tombent le nez dans la poussière, et notre vieux qui joue les lâches... Lee Marvin, troué par les balles par le passé, a certes le cuir dur mais semble aussi fait pour ce job que moi pour la plomberie ; les trois jeunes gens, respectant leur "maître-sauveur", vont faire une douloureuse expérience de la vie de brigand, les menant tout droit dans le mur... Fleischer raconte son récit tranquillou, s'attardant plus sur le côté un peu branquignole de ce carré d'as que dans les faits d'armes tonitruants... On ronge un peu son frein en attendant le retour de Lee Marvin à l'écran (une bonne demi-heure), puis le casse du siècle (comptez bien quarante minutes de plus)... tout cela pour assister à un marasme, une gabegie de balles perdues et une fuite cauchemardesque peu reluisante... On se marrerait presque devant une telle lose si nos trois jeunes gars (un myope peu charismatique, un Ron peu courageux, un Will avec la tête un peu trop près du bonnet) ne morflaient pas leur race au passage... Le héros Lee, quant à lui, sombre à chaque séquence un peu plus dans la bassesse. Si le rythme n'est guère enlevé, les passages à l'action criant d'amateurisme sont assez flippants, plutôt sanglants et l'on se retrouve, à défaut d'être totalement sous le charme de cette déroute, avec plein d'empathie pour ce pauvre Will, qui aurait mieux fait de pas y être et de passer sa vie sous les coups de latte généreux de son pater. Un bon gros désir de lose ? Ce western du touche-à-tout Fleischer vous comblera à défaut de vous transcender.

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